« La question de l’ouverture du capital revient sur le tapis »

Tandis que le groupe de travail chargé de réfléchir aux futures sociétés holdings de pharmaciens vient de se réunir pour la première fois, l’avocate Brigitte Longuet remettait son rapport sur les professions libérales à Hervé Novelli. Parmi les 33 propositions du rapport présentées au secrétaire d’État chargé des PME figure l’ouverture du capital des sociétés d’exercice. Philippe Frichot, avocat au barreau des Hauts-de-Seine, analyse la portée de ce texte pour l’officine.

- Le rapport Longuet sur les professions libérales vient d’être remis à Hervé Novelli. Contre toute attente, celui-ci propose l’ouverture du capital des sociétés d’exercice à des non-pharmaciens. La décision de la Cour de justice européenne n’avait-elle pas mis un terme à ce genre d’offensive ?

Me PHILIPPE FRICHOT.-. Nombre d’officinaux croyaient en effet la question réglée depuis les arrêts de la Cour de justice des communautés européennes du 19 mai 2009. Il est vrai qu’après cette décision favorable, le concert de satisfaction a été tellement assourdissant qu’il a quelque peu couvert la voix de ceux qui pensaient que remporter une bataille ne signifie pas forcément gagner la guerre. En réalité, la controverse n’a fait que glisser d’un cran ; elle est passée du niveau européen au niveau national, conséquence logique de l’application par la Cour du principe de subsidiarité.

Selon vous, on pouvait donc s’attendre à une nouvelle attaque en faveur de l’ouverture du capital des officines ?

Compte tenu de l’importance des enjeux économiques et de la puissance des opposants au monopole, une contre-offensive était, en effet, à prévoir. Cette contre-offensive est d’autant plus préoccupante qu’elle sert de facto, les intérêts des régimes de Sécurité sociale qui, pour réduire leur déficit abyssal, ne verraient certainement pas d’un mauvais Å“il l’avènement de pharmacies plus fortes et, donc, plus à même de supporter des baisses de marges. Or, force est de constater que six mois à peine après “la victoire” on a pu observer un premier assaut contre le monopole avec la campagne Leclerc et, aujourd’hui, un second par le rapport Longuet.

Que préconise précisément le rapport en la matière ?

Partant d’un postulat selon lequel, comme toute PME, l’entreprise libérale a besoin de fonds propres pour investir afin d’assurer sa croissance interne, le rapport suggère d’autoriser l’ouverture du capital en la limitant à 49 % pour garantir au professionnel de conserver la majorité. Une restriction des droits de vote de l’investisseur et des comptes courants d’associés extérieurs est également évoquée. Ces dispositions seraient rendues obligatoires par intégration dans la réglementation de chaque profession réglementée.

Pour ce qui est des officinaux, le postulat de départ est critiquable, tant il est vrai que, depuis son origine, la profession n’a jamais eu besoin de recourir aux capitaux extérieurs pour assurer ses fonds propres. Il faut rappeler que l’entrée d’investisseurs extérieurs n’est pas la seule solution aux besoins de financement de l’entreprise mais qu’elle est certainement la pire en ce qui concerne son indépendance et ce, quels que soient les garde-fous que l’on peut y ajouter.

Sur ce point, le rapport contient-il une approche profession par profession

 ?

Non et c’est tout à fait regrettable, car dans ce domaine les besoins de financement de chaque profession sont spécifiques. Pour ce qui est des officinaux, on déplorera que le rapport soit muet sur la nécessité de prendre enfin les décrets d’application de loi Murcef sur les SPF-PL. Ces textes permettraient à la profession, et, à elle seule, de disposer d’un outil performant dans ce domaine. Il faudra encore patienter sur ce point, le groupe de travail sur les regroupements et les sociétés holdings mis en place par Roselyne Bachelot n’ayant pu tenir sa première réunion que récemment.

La proposition d’ouverture du capital risque-t-elle de devenir réalité ?

En tout cas pas dans l’immédiat, car elle ne fait pas partie de celles retenues par le secrétaire d’état Hervé Novelli. Période électorale oblige. Mais il n’en demeure pas moins que la question est de nouveau sur le tapis et que les officinaux devront demeurer sur leurs gardes dans les mois à venir.

Tiens tiens, après le passé Composé, nous voilà avec une unité de temps en Mois ! :-o

Mais en définitive, l'important n'est-il pas outre les suputations sur la date, de prendre en compte dès à présent cette Ouverture du Capital, qui va profondément changer le paysage officinal, je pense à tous ceux qui vont emprunter en 2010 ...

Et puis, 25 ou 49%, même si cela est minoritaire, imaginez votre confrère étant pour 49% propriété de votre Grossiste ou de MEL, avec à sa disposition un stock comme vous n'auvez jamais osé en réver, et une trésorerie à redonner le sourire à votre conseiller professionnel, vous savez celui qui vous appelle toutes les semaines pour les LCR à tomber ...

Et la volonté d'en découdre au niveau Prix Bas ... :#

Alors, sans doute si 2010, après les régionales, voit enfin la venue de cette Arlésienne, on peut raisonnablement penser que les chiffres d'Interfimo de Pharamgora 2010 seront le point d'Orgue de cette Bulle Capitalistique aux alentours de 9 fois l'EBE ...
 

Message édité par : ElGringo / 01-02-2010 17:36

Non mais s'ils sont avisés, les défenseurs de l'ouverture du capital se seront méfiés dès le lendemain du jugement au niveau européen en fait. Et c'est plutôt d'une nouvelle réelle offensive dont il faudrait se méfier (là, il met dans le même sac monopole sur le médicament et monopole sur le capital). Les petites attaques d'un MEL par publicités interposées pouvaient tout autant être là pour faire oublier son jugement inédit pour comportement anti-concurrentiel qui venait de tomber...

Et si tout n'était qu'une question d'élections, alors je ne suis pas sûr qu'il s'agirait des régionales.

Certains que pour moi, c'est après 2012, mais en définitive pour ceux qui vont s'installer en 2010, la question de la date précise importe moins que l'éventualité qui se concrétise, non ? :#

Oui mais si on ne se basait que sur de l'hypothétique, je ne me serai pas installé il y a à peine quelques années.

Certes, mais tu vois, c'est comme pour les catastrophes, après coup, tu remarques que bon nombre d'éléments étaient convergeants, que tous les signaux s'étaient allumés les uns après les autres et que statistiquement cette issue était plus que prévisible, quasiment certaine et que n'en as point tenu compte.

C'est vous qui voyez ...

Finalement être pharmacien, c'est être un bon joueur de poker.
Tu joues, tu peux gagner beaucoup mais tu peux aussi tout perdre, en sachant que maintenant vont arriver des joueurs de poker professionnel avec leur jeu truqués.
La mafia s'intéresserait même à ce marché.

Par les temps qui courent, il fallait bien s'y attendre....

de plus en plus n'importe quoi! allez, dans le commerce de viagra mais dans celui des officines :paf :paf quand tu sais ce que ca marge un commerce mafieux..... faudrait qu'ils soient tres con pour investir dans les pharmas.

Tu te trompes, ma pharmacie est en vente, j'ai reçu un coup de fil de Don Corléone... Les ritals veulent racheter toutes les pharmacies de Vendée pour pouvoir faire du commerce internatinnal de la brioche vendéenne...

A mon humble avis il est clair qu un "marché" aussi "strategique" finiera entre les mains des financiers :paf :paf :paf

Entre leur mains vous allez voir ce que vous allez voir, ils vont vous faire exploser les CA : Certains ont du mal à comprendre ...

un exemple : un marchand de pommes dont les pommes pourrissent ou qu il ne les vend pas et bien c est pour sa "pomme" ....Pas de reprise , rien, nada ...

Etre Pro Actif ca peut aider ....

Pauvre Pharmacie, Science des Sciences bradée sur l'autel de la CON Somnation ...

Globalisation, Mondialisation : The Big Show Go On ... Attachez vos ceintures veritable decollage apres 2012, altitude 10 000 pieds là ou l oxygene est plus que rare ... :-o :-o


A Bon Entendeur ;-) 8-)

Tu peux développer El Gringo...
Je pense au contraire que l'arrivée d'investiseurs dans le capital (que ce soit 25% dans un premier temps ou directement 49%) va au contraire entretenir et même surement faire augmenter encore les prix !
Imagine les financiers qui voient un marché s'ouvrir à eux et pourront investir dans les pharmacies : ils seront prêts à mettre des sommes importantes (et même déraisonnables) pour "y mettre un pied". Car ce n'est pas avec 20 ou 30 % d'apport qu'ils vont arriver et finalement l'investissement ne leur fera pas peur, surtout s'ils ont en tête de monter des chaines...
Malheureusement, je pense que les "petites" pharmacies (<1 ou 1.2 M€) risquent d'en faire les frais car elles vont encore perdre de leur rentabilité et vont être rachetées par des discounter.
A l'inverse les gros CA vont attirer toute les convoitises et ca va être comme au enchères au plus offrant.
Les pharmaceins sachant cela vont eux aussi se précipiter sur les gros CA avant qu'ils passent aux mains des non-pharmaciens ce qui va entretenir la flambée des prix d'ici 2012 ou 2013, temps d'application de la loi si elle passe.

Qu'en pense tu ?

Dans les 3 années qui viennent de passer, certains ont fait ce pari en faisant des SEL en surpayant des fonds pour se les faire racheter dès que le capital s'ouvrirait, d'autres ont attendu ces investisseus avant de prendre leur retraite, ils attendent toujours.
Il y a besoin de 5 à 6000 officines pour faire les grandes chaines nationales en France.
Penses tu réellement, mis à part les officines incontournables, que ces investisseurs, dont l'investissement est le coeur de métier, vont surpayer pour acquérir des fonds ?
Quand dans la "Grand Rue" ils auront contact avec trois cédants potentiels, c'est soit ils t'achètes, soit ils deviennent tes nouveaux "confrères".
Donc il est probable que 2010, voire 2009, soit le début réel de la décôte des fonds.
Autre point, si effectivement 5 à 6000 fonds seront plus valorisés, que dire des 17 à 18 000 autres, ils vont décotés d'autant, étant plus nombreux, la moyenne en sera d'autant plus affectée. Seuls resterons très bien côtés les gros CA bien placés et non vendus à des chaines que certains pharmaciens auront su garder et revendre à d'autres titulaires privés.

Si les SPF PL aboutissent, idéalement il faudrait que ce soit exclusivement réservé aux pharmaciens, sinon seulement à des personnes physiques, mais je rêve peut être.

Message édité par : ERNAM / 03-02-2010 12:33

Les SPFPL poseront la problématique de la détention du capital.
Ce système de Holding est ouvert, même avec celles dont vous avez entendu parler off-shore.
Delà à mettre en place des restrictions propres à l'officines ?
Attendons encore depuis qu'on vous les promet ...

ça me semble évident, mais bon, c'était pas plus simple le système :
1 pharmacien titulaire 1 officine !

sans attendre les décrets..il y a deja la possibilité via les selas
en cascade de prendre des parts majoritaires dans x pharmacies
et ainsi de constituer des mini chaine...des exemples bien réels
sont deja entre les mains de pharmaciens....et ça marche
plutot pas mal...mutualisation des charges, achat via concentrateurs
privés, puissance d'achat démultipliés, rotation du personnel....mais pour
l'instant seuls des pharmaciens sont à leur tête...pendant que nous reflechissons
...d'autres agissent....

Sans parler de multipropriété, j'espère que les SPF PL seront un moyen liquide pour les jeunes confrères d'entrer et de sortir du capital des officines.

oui ça le serait ernam...mais pourquoi alors ces décrets ne sont pas
publiés? qui freine des quatres fers?....certains spécialistes prétendent depuis longtemps que ces décrets
ne passeront jamais..afin de défendre d'autres intérets...force est de constater que pour l'instant ils ont raison....la loi murcef date de 2002 il me semble...ou sont les décrets?

T'inquiètes, ça passera quand la majorité des papy boomers aura besoin de vendre leur boite...