A Tout Ceux Qui sont atteints d "INSTALLITE AIGUE" un peu de "Macro économie" et au passage Vous feriez Bien de faire une peu de reserve de Calories Alimentaires ;-)
La « drôle de crise », par Paul Jorion
7 mai 2008
La crise financière ne fait plus la une des médias. Certains estiment même qu’elle est jugulée. Mais les interventions répétées des banques centrales américaines et anglaises - qui non seulement se poursuivent, mais s’amplifient - montrent que c’est loin d’être le cas. Analyse de Paul Jorion.
Par Paul Jorion, 6 mai 2008
Quand la Pologne fut envahie le 1er septembre 1939, la France et l’Angleterre déclarèrent la guerre à l’Allemagne. La Belgique, la Hollande, le Luxembourg et la France furent envahis le 10 mai 1940. Rotterdam fut rasée quatre jours plus tard. La période de sept mois entre les deux invasions fut appelée la « drôle de guerre », faite d’escarmouches et de montée de la tension.
Si j’évoque cette époque, c’est que la finance est entrée dans sa « drôle de crise ». Depuis le sauvetage de Bear Stearns, le 17 mars, un vague espoir s’est installé que la Fed entendra de la même manière venir à la rescousse de toute institution-clé au sein du système financier américain. Avec l’interdépendance qui existe aujourd’hui entre établissements financiers, ils sont désormais très nombreux à jouer un rôle-clé.
On compte depuis leur création que les Government-Sponsored Entities, Fannie Mae et Freddie Mac, au statut ambigu de semi-privatisées, seront sauvées par l’administration s’il fallait en arriver là. J’ai expliqué il y a quelques jours qu’elles soutiennent aujourd’hui à elles deux, 97,6 % des titres adossés à des prêts hypothécaires américains. Fannie Mae annonçait ce matin son intention de se refinancer à hauteur de 6 milliards de dollars pour faire face à une perte de 2,5 milliards de dollars au premier trimestre 2008.
Les organismes de financement privé de prêts étudiants fuient ce secteur depuis l’été dernier et vendredi, la Fed décidait d’accepter d’échanger pour des Treasuries - des obligations d’Etat américaines et pour des périodes renouvelables de 28 jours - les titres adossés à ces prêts étudiants. Les titres adossés à des prêts immobiliers sont eux acceptés depuis décembre, et la liste s’allongeait vendredi également aux titres adossés à des dettes sur cartes de crédit ou sur prêts automobiles. On apprenait hier que le Ministère de l’Education a mis en place un système d’urgence, actif à partir du 1er juin, qui accordera des prêts aux étudiants si ceux-ci ne parviennent plus à trouver de financement dans le secteur privé.
L’article qui fait la une du Wall Street Journal ce matin explique que le plan de redressement de Citigroup n’a fait aucun progrès au cours des semaines récentes, ce qui - bien entendu - n’augure pas bien de la suite. Si Citigroup, encore la principale banque commerciale américaine en 2007 mais désormais en chute libre, était en péril, avec ses dizaines de millions de clients répartis sur cent pays et ses 370 000 employés aux États-Unis seulement, il va de soi que le gouvernement américain ne pourrait pas l’abandonner à son sort.
Au plan international, les nouvelles ne sont pas meilleures : Union de Banques Suisses annonce ce matin le licenciement de 5 500 employés. Avec des pertes équivalentes à 38 milliards de dollars liées à la crise des subprimes, UBS se trouve au deuxième rang, juste derrière Citigroup qui mène la colonne avec 40,9 milliards de dollars de pertes cumulées (le Crédit Agricole est 14ème de ce hit-parade affligeant avec 4 milliards d’euros de pertes et la Société Générale, au 17ème, avec 2,4 milliards d’euros).
Un commentateur demandait récemment que la Fed déclare officiellement dans quels cas d’insolvabilité elle interviendrait et dans quels autres elle refuserait de le faire. En continuant de se taire, elle laisse entendre que ses 889 milliards de dollars en réserve seront disponibles pour sauver tout le monde. Ce ne sera bien évidemment pas le cas. En attendant, elle porte à bout de bras un système financier américain saignant de mille plaies.
Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).
Référence Electronique :
http://contreinfo.info/article.php3?id_article=1955
A Bon Entendeur ;-) 8-)