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La riposte des Pharmaciens contre Leclerc !#6075

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Whoops Whoopsicon_post
C'est sûr qu'une fois que tous les monopoles auront été perdus, les pharmaciens n'auront plus rien à perdre.

Pour l'heure, les parapharmacies arrivent à avoir tant bien que mal un seul pharmacien par boutique, bien insuffisant pour assurer durant toutes les heures d'ouverture la dispensation de médicaments. A noter que ces pharmaciens-là n'auraient pas la malchance de tomber parfois sur des supérieurs qui n'ont aucune préoccupation pour la santé des gens, leur fixe des objectifs et ne leur laisse aucune lattitude quant aux produits à délivrer, ils auraient la malchance de tomber toujours dessus.

Ces pharmaciens ont tout à fait la compétence d'exercer en tant que pharmacien d'officine, simplement, ils ont fait le choix d'aller travailler dans des structures qui ne sont pas des structures de dispensation de soins et de ne pas faire un métier qui concerne les professions de santé. Est-ce qu'il suffit à une entreprise d'employer un pharmacien pour pouvoir dire : c'est bon les gars, moi je peux vendre. A quand les médicaments dans le btp ou, encore mieux, les pompes funèbres (ça tombe bien, il y a aussi un Leclerc, je sais pas s'ils se sont rabibochés...) ?
Quant au quorum, comme déjà dit, il n'est pas fait pour assurer des revenus identiques à chacun, il est fait pour que, où que l'on se trouve sur le territoire, on puisse trouver une officine à proximité. Les disparités de CA reposent d'ailleurs sur d'autres facteurs que la démographie, puisque les disparités les plus flagrantes se retrouveront souvent en ville, avec de minuscules pharmacies en voie de phagocytage par les grosses qui l'entourent. La situation en centre-ville est d'ailleurs intéressante à analyser pour les tenants de la suppression du numerus clausus à l'installation.
Et il est aisé de comprendre toute l'importance du quorum vis à vis de l'égalité pour chacun dans l'accès aux soins quand on entend dire que mieux vaut éviter telle ou telle zone parce qu'on n'a pas envie de s'y enterrer, parce que les vieux qui y sont finiront bien par mourir ou que les médecins risquent peut-être bien de ne plus se renouveler, un jour. Ou tout simplement parce que y a pas beaucoup de soleil et que ça y pleut tout le temps, que c'est la zone, que c'est pas dans les beaux quartiers,...

Message édité par : Whoops / 14-04-2008 13:07

ElGringo ElGringoicon_post
Citation : Whoops 

Quant au quorum, comme déjà dit, il n'est pas fait pour assurer des revenus identiques à chacun, il est fait pour que, où que l'on se trouve sur le territoire, on puisse trouver une officine à proximité. Les disparités de CA reposent d'ailleurs sur d'autres facteurs que la démographie, puisque les disparités les plus flagrantes se retrouveront souvent en ville, avec de minuscules pharmacies en voie de phagocytage par les grosses qui l'entourent. La situation en centre-ville est d'ailleurs intéressante à analyser pour les tenants de la suppression du numerus clausus à l'installation.
Et il est aisé de comprendre toute l'importance du quorum vis à vis de l'égalité pour chacun dans l'accès aux soins quand on entend dire que mieux vaut éviter telle ou telle zone parce qu'on n'a pas envie de s'y enterrer, parce que les vieux qui y sont finiront bien par mourir ou que les médecins risquent peut-être bien de ne plus se renouveler, un jour. Ou tout simplement parce que y a pas beaucoup de soleil et que ça y pleut tout le temps, que c'est la zone, que c'est pas dans les beaux quartiers,...

Message édité par : Whoops / 14-04-2008 13:07

 


Sauf que là ce syndicaliste, dans le contexte actuel sans modifications notoires des périmêtres, craint une recrudescence des fermetures de petites pharmacies, pas seulement en ville tout de même.

Avec les médecins qui ne sont pas remplacés, les hopitaux qui se regroupent (Bachelot en ce moment) les petits commerces qui ferment, j'ai de nombreux exemples ou perdure boulangerie, pharmacie et bureau de poste à mi-temps !! c'est tout. Si les pharmacies ne peuvent tenir ???
El Gringo
Whoops Whoopsicon_post
Parlant de ce syndicaliste, peut-être aussi que de bons arguments ne devraient pas être employés à toutes les sauces. Ce que je leur entendait simplement mettre en avant, concernant ces 30M d'€, c'était surtout en rapport avec la masse salariale.

Concernant les officines rurales, comme tu l'as dit, il existe 2 variables : l'emprunt et les salaires. Elles sont généralement mieux loties sur l'un et l'autre plan que d'autres. Ou alors on parle éventuellement de très petites officines, dont la marge brute est forcément déjà très réduite.
ramses2 ramses2icon_post
Voici pour info, la lettre qu'un ami pharmacien a affichée sur sa vitrine en TRES GROS(AVEC DU GRAS,DES SOULIGNES, ET DES DIFFERENCES DE TAILLES DE CARACTERES)) pour que cela n'échappe ni aux clients ni aux passants!!

MONSIEUR LECLERC VOUS PRENEZ LES FRANCAIS POUR DES IMBECILES

DEPUIS QUELQUES JOURS FLEURISSENT SUR DEUX CHAINES DE TELEVISION, AU MEPRIS DE L'AVIS FAVORABLE DU BUREAU DE LA VERIFICATION DE LA PUBLICITE, DES SPOTS TENDANT A FAIRE PENSER QUE SI UN MEDICAMENT N'EST PAS OU PLUS REMBOURSE IL SERA FORCEMENT MOINS CHER SI VOUS LE VENDEZ CHEZ VOUS.

NOUS NE VOUS AVONS PAS ATTENDU POUR FAIRE BAISSER LES PRIX

NOTRE CONSEIL:

-PARACETAMOL 1E40 SOIT 29% MOINS CHER QUE LE PRODUIT DE REFERENCE

- DIOSMINE 600 5E80 LE TRAITEMENT MENSUEL SOIT 50% MOINS CHER QUE LE VEINOTONIQUE DE REFERENCE.


VOUS PRETENDEZ AGIR EN FAVEUR DU POUVOIR D'ACHAT DES FRANCAIS, C'EST FAUX! L' "UFC-QUE CHOISIR" DENONCE LE MANQUE DE CONCURRENCE ET LES GRANDS ECARTS DE PRIX DANS LA GRANDE DISTRIBUTION ET EN APPELLE AU CONSEIL DE LA CONCURRENCE!!


QUI A INVENTE LES MARGES ARRIERES? VOUS! DEPUIS LE PREMIER JANVIER LEUR DISPARITION AURAIT DU FAIRE BAISSER VOS PRIX DE 15%, OU EST LA BAISSE?

VOUS PRETENDEZ FAIRE BAISSER LES PRIX DE CE QUE VOUS NE POUVEZ PAS VENDRE POUR MIEUX DISSIMULER LES AUGMENTATIONS DE PRIX CHEZ VOUS!

VOTRE POUVOIR D'ACHAT EST LE SEUL QUI VOUS INTERESSE MONSIEUR L.!


OSEZ-VOUS PRETENDRE FAIRE MIEUX AVEC VOS 110 PARAPHARMACIES POUR LE PAYS ENTIER ALORS QUE NOUS DISPOSONS DE 23000 POINTS DE VENTE ET DE 55000 PHARMACIENS POUR CONSEILLER LES PATIENTS?



VOTRE BUT EST D'AUGMENTER LA CONSOMMATION DE MEDICAMENTS POUR GAGNER PLUS.

LE NOTRE EST DE MIEUX CONSEILLER POUR UNE MEILLEURE SANTE.

edaude edaudeicon_post
Evorasegundo,
Ton post m'a toute retournée! Je suis écoeurée par les agissements de tels personnages!
Mais, reste que les titu sont bien moins nombreux que nous, adjoints et prépa consciencieux et inintéressés!
Personnellement, j'ai fait pas mal de pharmacies (on s'approche maintenant de la 10aine),et je n'ai jamais vu ça! Pourtant, je bosse en région parisienne, zone sinistrée à ce niveau-là, me semblait-il...
En plus, il faut quand même avouer que les titu sont beaucoup moins souvent au comptoir que nous! Donc, quand bien même ils seraient tous comme ceux que tu décris, je pense qu'il feraient moins de tort au client que des vendeurs formés par-dessus la jambe, au marchandising, par M.E.L, ou que des pharmaciens qui ont arrêté de vendre des médicaments depuis des années! Non? :#
parmentier parmentiericon_post
Citation: " les titu sont beaucoup moins souvent au comptoir que nous! ". Mais alors ils n'exercent plus la base et la justification de l'exercice pharmaceutique: le conseil pharmaceutique, qui est le signe distinctif de la GMS? Décidément, rien n'est simple ici....Un médecin, quelqu'il soit, petit ou grand médecin, il consulte les patients, c'est la base de son activité. Le système officinal à la française avec toutes ses hypocrisies et ses petits arrangements entre amis risque bien d'exploser en plein vol.

Mrs les titulaires, Attali, Chatel, la GMS (Leclerc, Carrefour), la commission européenne et sans doute bientôt les adjoints (voir les post de Damien-sur-mer et de Coco) critiquent ouvertement le système officinal et veulent des changements. Aurez-vous raison contre tous? N'y-a-donc-t-il pas dans ce système des choses à faire évoluer, et vite? Sinon, c'est le crash garanti...
pharmaceutic pharmaceuticicon_post
La solution, à mon avis, tu prends ton courage à deux mains, tu vas voir un banquier et tu achètes une officine.
pharmaco
parmentier parmentiericon_post
Est-ce envisageable aujourd'huii pour tous les jeunes pharmaciens d'acheter une pharmacie?
Pourquoi y-a-t-il des pharmaciens en GMS (entre 500 à 1000 diplômés)? Crois-tu qu'ils ne préfereraient pas avoir LEUR officine?
Occulter les problèmes sans apporter de solution globale pour le plus grand nombre, n'est ce pas courir dans le mur?
La remarque usuelle "installez-vous", "c'est simple" "je l'ai fait" n'apporte en fait aucune réponse concrète au débat actuel.
Evidemment qu'il faut s'installer quand on le peut et même aujourd'hui. Il y a cependant des risques qu'il faudra assurer (concurrence des GMS, baisse de marge) et je ne suis pas sur que les pharmaciens libéraux les assument ces risques...Il afut aussi un apport personnel souvent relativement conséquent...
pharmaceutic pharmaceuticicon_post
Le banquier te prete 100% du fond, il reste à payer les frais d'installation et surtout ne pas acheter au dessus de 100% du CA... Je reconnais que ce n'est pas facile, mais esperer je ne sais quoi des titulaires, c'est utopique...
pharmaco
surlefil surlefilicon_post
vive les p'tits pois en pharmacie!!!.....j'ai adoré l'initiative de cette pharmacie dans l'heraut!! dis donc 25% de moins qu'une pharmacie pour les medocs, il va les acheter en chine, edouard, ses boites non? car quand on voit qu'il achete une salade 0,17e et qu'il la revend plus d'1e!!
A chacun sa place M.edouard et faites des efforts sur vos consommables avant de vouloir toucher à la santé!!
Delphine66 Delphine66icon_post
Le président du directoire de Carrefour, José Luis Duran, veut s'aligner sur la position de Leclerc et dit vouloir vendre aussi des médicaments ! :paf
Delph.
SB69 SB69icon_post
Bonjour,

Monsieur Leclerc a mis une pétition en ligne pour sa vente de l'OTC :
http://www.sesoigner-moinscher.com.
A l'heure où j'écrit ce message, il a eu 2049 votes.

Pharmareference a ouvert également une pétition et il serait souhaitable de rattraper rapidement et de dépasser largement ce chiffre :
http://pharmareference.net/petition
http://www.pharmareference.net/signerlapetition.php


Toute la profession doit être mobilisée !
Merci de diffuser largement ce message

Cordialement



Je vous laisse à la magie d'internet ;-)
www.pharmaticien.com
Et sur Twitter : @Pharmaticien
SB69 SB69icon_post
PS : et si Manager veut le mettre en première page, aucun problème...
www.pharmaticien.com
Et sur Twitter : @Pharmaticien
nhl1967 nhl1967icon_post
Excellente idée,

Moi je l'ai imprimée, agrandie en format A4 et j'en ai collées sur les vitrines et un peu partout dans la pharmacie .

Voir également le site http://www.pratispharma.com
Delphine66 Delphine66icon_post
Citation : SB69 

Bonjour,

Monsieur Leclerc a mis une pétition en ligne pour sa vente de l'OTC :
http://www.sesoigner-moinscher.com.
A l'heure où j'écrit ce message, il a eu 2049 votes.

Pharmareference a ouvert également une pétition et il serait souhaitable de rattraper rapidement et de dépasser largement ce chiffre :
http://pharmareference.net/petition
http://www.pharmareference.net/signerlapetition.php


Toute la profession doit être mobilisée !
Merci de diffuser largement ce message

Cordialement



Je vous laisse à la magie d'internet ;-)
Delph.
 


Merci SB69, je fais passer le message...
Delph.
carinedusud carinedusudicon_post

Domage! sur la pétition en ligne de pharmareference on peut voter qu'une fois !! ;-)
carine du sud
Delphine66 Delphine66icon_post
Citation : carinedusud 
Domage! sur la pétition en ligne de pharmareference on peut voter qu'une fois !! ;-) 


En fait, ce n'est pas très équitable... Il y aura toujours une majorité écrasante qui dira non à MEL sur des sites liés à la Pharmacie.
Delph.
kdang kdangicon_post
Citation : evorasegundo 

Plutôt que de vendre des petits pois, de la lessive........et prétendre que les pharmaciens qui bossent chez Leclerc ne savent pas ce qu est la santé publique comme je l ai entendu sur France info,"les pharmaciens en colere"feraient mieux de garder leur énergie à ouvrir le capital aux adjoints pour qu ils ne partent pas bosser dans d'autres circuits de distribution et le probleme serait regle! 


Justement, quelqu'un sait-il combien est payé un "pharmacien" dans un centre Leclerc ? Histoire de savoir ...

Pour ton histoire de titulaires, ne généralise surtout pas. Je suis titulaire jeune installé et je ne vends pas à la pelle des produits juste pour grossir mon CA. Je ne contredis jamais les décisions de mon pharmacien assistant même si je ne suis parfois pas d'accord. Je refuse comme beaucoup d'autres pharmaciens des délivrances non conformes etc ... L'ouverture du capital, je suis pour. L'OTC devant, je suis pour.

Message édité par : kdang / 19-04-2008 15:26

Minouche83 Minouche83icon_post
je connais plusieurs pharmacien en para
pour Leclerc, ça dépend desmagasins (indépendants donc politique salariale variée)
un responsable de département (= responsable de la para) est payé environ coeff 600 + intéressement et participation et primes sur objectif
un "adjoint", environ coeff 500, + intéressement, participation,

chez carrefour c'est un peu plus , chez géant c'est environ coeff 500, pour ces 2 derniers (et auchan aussi), il y a en plus des avantages liés au groupe

chez monoprix c'est pas terrible et chez Nocibé, galerie lafayette et autre je ne sais pas
Bixente64 Bixente64icon_post
Médicaments et supermarchés : vers la santé discount ?

Une société est d’autant plus moderne qu’elle sait ouvrir des débats qui puissent la tirer vers le haut. Néanmoins, il est parfois des polémiques inutiles. La campagne de communication de Michel Edouard Leclerc en est l’exemple le plus récent et se rapproche d’une publicité d’une boîte d’intérim qui instrumentalisait notamment Coluche et Gandhi. Leclerc va plus loin dans l’erreur. On dépasse le mercantilisme primaire pour atteindre une forme de cynisme purement individualiste. C’est probablement pour cela que la dernière publicité choc de M. Michel Edouard Leclerc sonne particulièrement faux à l’oreille de ceux qui aiment le progrès, ceux qui veulent une santé à la portée de tous, et ceux pour qui une boîte de médicament ne se borne pas à sa valeur en euros. Cette campagne de communication a ainsi choqué les patients, elle a bousculé les gens qu’ils soient ruraux ou citadins. Elle a froissé les professionnels du médicament et enfin elle a meurtri bien plus en amont ceux qui font une recherche dans un but de santé publique, cela va du généticien au physicien en passant par le sociologue.

Les faits tout d’abord. Depuis plusieurs années, les supermarchés lorgnent sur de nouvelles extensions. De nouveaux Eldorado pour gagner plus d’argent et « faire du chiffre » pour reprendre les mots des diplômés en force de vente. Ainsi, les épiceries géantes des années 70 ont conquis de nouveaux terrains de vente et mondialisé leur négoce dans le but de faire traverser la planète à des tomates mexicaines, des prunes australiennes, au mépris des saisons et de l’écologie... mais toujours avec l’argument de coopération transnationale ou de codéveloppement. En coulisses, les chaussures de marques sont toujours faites à la chaîne pour moins de 5 euros par jour et dans des conditions typiquement déplorables. Les journaliers mexicains sont toujours pieds nus à ramasser des agrumes... Les bons sentiments affichés sont en bout de chaînes cousues de misères. C’est dans ce vieil esprit de conquête que se situe la campagne nouvelle de Michel Edouard Leclerc. Cet ami du pouvoir veut depuis fort longtemps incorporer à son monde des parapharmacies et inclure des médicaments non remboursés dans ses rayons. Là, on comprend la stratégie louvoyante de cet énergumène. Le marché à emporter est de l’ordre de 200 millions d’euros par an pour commencer... La volonté de puissance de ces épiciers modernes n’en demandait pas tant et l’idée de pousser l’Etat à se désengager de son système pharmaceutique a germé chez les communicants du groupe Leclerc. Ainsi, la publicité qualifiée de « mensongère » par Roseline Bachelot a vu le jour. Leclerc s’engage à fournir des médicaments 25 % moins chers que dans les officines. Le choc des mots et l’absence de réalité...

Mais en quoi la démarche de Leclerc est-elle directement dangereuse ? En premier lieu, il s’agit de penser en termes de santé publique. Un argument massue qui vient à l’esprit d’emblée et caractérise l’angoisse des officinaux depuis que la campagne de bourrage de crâne de Leclerc a commencé. Ainsi, mettre en grande surface des produits de santé, avec ou sans pharmaciens conseil est une conduite irresponsable sur le plan sanitaire. Mettre en vente du Dafalgan, de l’ibuprofène ou des veinotoniques sur les rayons des grandes surfaces est périlleux. Ainsi, tous ces produits sont dangereux potentiellement. Les soucis peuvent venir de la posologie, des moments de la prise médicamenteuse. Un tel sera délétère hors des repas, tel autre sera une vraie bombe à retardement pour une population particulière comme les personnes âgées, les femmes enceintes, certains diabétiques et autres patients chroniques. Pris dans les derniers mois de la grossesse, l’aspirine ou l’ibuprofène peuvent, par exemple, provoquer une insuffisance rénale très grave chez le fœtus... Il va de soi que le pharmacien estampillé Leclerc n’aura pas la disponibilité pour assumer un travail de relation « patient-professionnel de santé ». Il devra d’ailleurs faire de l’argent et n’aura que peu de temps pour des considérations éthiques d’ordre général.

Ainsi, outre les problèmes de doses, de population mal ciblée, chacun n’est pas égal devant une notice d’utilisation. Des populations peu lettrées ne comprendront pas certains conseils rapides voire intéressés entre deux rayonnages achalandés. La vie moins chère d’un certain slogan ne tient donc pas fasse à la nécessité d’équité des soins qui est pourtant enseignée dans les couloirs de faculté de pharmacie et au sein de officines de manière récurrente. Le biais qu’impose M. Leclerc se situe bien au niveau de la santé. La justification de son négoce ne tient pas la route face à des effets indésirables de son irresponsabilité citoyenne.

Outre le point de santé publique, il faut souligner qu’on change le statut du médicament. On lui appose le statut de produit de consommation pur et de produit dénué de danger. Certains diront que « la mort au rat est en vente libre », mais on sait ce qu’on achète et pourquoi on l’achète. A l’inverse, pour les produits médicamenteux, on n’est pas censé savoir qu’on va utiliser un produit très actif. D’ailleurs, on peut très bien savoir qu’un médicament soulage un symptôme en ignorant le mode d’action du remède et ses effets indésirables. C’est bien cela le souci. Ce sera d’autant plus dangereux qu’on l’achète à côté de sa baguette de pain. Cela « désanctuarise » le médicament. Imaginez en plus la cohorte immense de consommateurs qui iront défiler dans ces parapharmacies sans avoir au bout du compte le moindre conseil avisé ou le moindre appel à la modération... Ce n’est pas sérieux décidément.

Il est également difficile de donner la moindre légitimité à la gesticulation médiatique de la « firme Leclerc » en regard de la vie du pharmacien et son engagement. L’image d’Épinal du pharmacien est largement dépassée. Exit l’atmosphère que vivait difficilement Mme Bovary, étouffante, embourgeoisée et surannée. Exit également l’image du pharmacien du début du XXe siècle passant la journée entre ses fioles, ses préparations, ses infusions du bout du monde. L’ère de l’antibiothérapie est également hors du temps... Le pharmacien est entré dans une modernité assumée. Il exploite les réseaux médicaux, se forme continuellement à la connaissance. Son challenge pour la santé est quotidien. Il verra en détail les ordonnances, discutera avec le patient, maintiendra des liens sociaux avec lui. En ruralité, il deviendra psychologue et parfois assistant social. Il est un référent de santé, mais plus encore il s’affirme en homme ou femme engagés dans un processus de santé. Les gardes, le service de soins, la veille pharmaceutique... Sa complémentarité avec le travail initié par le médecin est indispensable : combien de pharmaciens ont eu l’œil pour les contre-indications que des médecins surchargés avaient oublié... Ces pharmaciens là que j’ai approchés sont tous blessés par la démarche de Leclerc. Rien à voir avec les marchandages à la petite semaine que supposeraient une dérégulation du système actuel et un mercantilisme quasi obscène. Le déséquilibre serait majeur dans une France très attachée à un service de santé de proximité.

La justification historique. Il faut savoir qu’un contrat tacite lie le pharmacien à la société civile. Il s’engage à assumer un service public sur des produits remboursés et rares sur lesquels sa marge est faible. En contrepartie, il fait quelques bénéfices sur des produits de santé plus courants et présentant tout de même une forme de dangerosité. Cette stratégie a toujours été maintenue en France. Cela permet ainsi de desservir des populations en souffrance chronique. Ainsi, les médicaments contre le diabète, certains produits anti-cancéreux sont délivrés dans chaque point de l’hexagone. Idem pour les trithérapies et la panoplie de nouveaux agents déterminants dans des luttes efficaces contre des maladies émergentes. Plus fréquemment, le pharmacien est celui qui vendra à perte quasiment des éléments utiles aux maisons de retraites... Les plus-values sont dans ce cas-là de l’ordre du fantasme... Il faut bien que vive l’officine et la contrepartie financière de ce service public est la vente d’anti-poux, d’anti-douleurs et d’autres produits non remboursés...

Notons aussi que le maillage très serré de pharmacies constitue un atout important en termes de santé publique. On compte 23 000 pharmacies et 55 000 professionnels qualifiés. Une manne humaine stratégique... Ainsi, en cas de pandémie aviaire, les pharmaciens font partie du pivot local pour subvenir aux besoins de chacun. Les stocks de masques FFP2 étaient prévus en cas de besoin pour protéger chacun d’entre nous et à toute heure... Bon nombre de pharmacies engagées dans ce mécanisme de prévention en étaient de leur frais, mais ont spontanément fait des achats préparatifs de situation à haut risque. Les pharmaciens répondent là ou les épiciers calculent...

En perspective, Leclerc imposerait rapidement par sa tentative une santé « business ». Elle serait spécifiquement à deux vitesses, une santé pour les pauvres et classes moyennes ; une deuxième pour les riches qui eux se dirigeraient vers les quelques officines qui auraient résisté à l’offensive épicière qu’on constate aujourd’hui. Pour illustrer cette dérive, on trouve le témoignage de David Sharpe qui, dès 2001, dénonçait en Grande-Bretagne les campagnes de « médicaments discount » qui mirent à mal le maillage officinal. Au fil des vagues publicitaires, plus de 12 000 officines furent à deux doigts de déposer le bilan, contribuant au délabrement sanitaire anglo-saxon maintenant bien connu. En effet, lorsqu’on dérégule un système, il devient moins efficace. On comprend mieux pourquoi la manœuvre de Leclerc a été qualifiée de mensongère par Mme Bachelot. La ministre a souligné que "les expériences étrangères montrent qu’après trois mois de baisse les prix des médicaments reflambent".

Aux Etats-Unis, on pensera à l’exemple de la chaîne WalMart dont la devise correspond à celle de Leclerc : « Save Money, live better ». Là, sur des présentoirs immenses, on trouve tout ce qui permet une automédication. On en voit les conséquences. L’absence de diagnostics précoces de pathologies dures est alors corrélée à l’utilisation de traitement de symptômes par de mauvais outils thérapeutiques. Les cancers ne sont plus dépistés à temps. Les diabétiques souffrent d’un manque de suivi. L’autre point est l’entrée dans une ère commerciale. Ainsi, WalMart s’est fait épinglé pour publicité mensongère lors d’une campagne récente. Celui-ci annonçait des génériques à environ 4 $, mais rapidement les consommateurs ont vu que l’annonce alléchante était pur mirage... une forme de campagne de communication abrutissante et mensongère. Dans le même registre, WalMart fut un de ceux qui voulut dans ses rayons de l’ibuprofène dont on exigea le retrait rapide. Mais, il y a pire encore, dans des systèmes totalement dérégulés, au Mexique, c’est dans des petites boutiques et des présentoirs anodins que vous trouvez des anti-cancéreux. Là, vous pouvez acheter de quoi traiter un cancer du sein ou de l’ovaire...

En conclusion, c’est « le rapport à la santé » de chacun qui est au centre de la polémique actuelle. Il est aussi important que le rapport à l’autre, que le rapport à la mort qui fut évoqué face au drame que vivait Chantal Sébire. Au sens philosophique, il illustre notre façon de voir notre propre individualité, mais également notre mode de fonctionnement vis-à-vis des autres. Ainsi, tout serait-il consommation, tout serait-il marchandise ? Le corps serait-il un bien qu’on remet seulement en état ? Si ce corps n’est pas en état, irons-nous au supermarché réparer les avaries comme on amène au garagiste sa voiture ? En banalisant le statut du médicament, on n’est pas en train de ravaler notre corps au rang de notre voiture ou de tout bien de consommation ? A ce rythme-là, demain, en faisant son marché, entre deux rayons, nous pourrons faire notre bilan cholestérolémique. Après avoir acheté notre baguette de pain, nous vérifierons notre diabète dans des stands... Cela ressemble vraiment à une nouvelle d’Aldous Huxley.

Doit-on franchir le pas de cette fausse révolution ? La répercussion d’une telle décision ne va-t-elle pas briser un maillage solide, efficace et sérieux de professionnels de santé implantés sur tout le territoire français ? Doit-on remplacer ces pharmacies de proximité par des espèces de conglomérats difformes attenant aux étalages de fruits et légumes de supermarché... sachant qu’il y aura une santé pour riche et une santé pour pauvre au bout de ce raisonnement. Il est encore temps d’éviter tout cela...


http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=38846
Là où commence le découragement, se lève la victoire des persévérants.
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