Bonjour à tous, nous sommes un jeune (26 ans) couple de pharmaciens basé sur Lyon. Nous sommes tout les deux en CDI dans la même officine depuis un an et demi. En effet, après avoir toujours travaillé en tant qu'étudiant dans des officines différentes nous avons voulu essayer de travailler ensemble pour voir si la cohabitation se passe bien si l'on s'installait par la suite en tant que titulaire conjointement. L'expérience est pour l'instant bonne, nous avons beaucoup évolués et sommes bien vu par nos employeurs. On a été régulièrement augmentés en passant du coef 450 à 600 en un peu plus d'un an. Malgré que tout se passe bien en tant qu'adjoint, nous avons pour projet maintenant de passer le cap et chercher à acquérir une pharmacie.
Est-il raisonnable de vouloir s'installer à nos âges selon vous ? Nous pensons que le cap entre un pharmacien adjoint et un titulaire est énorme et finalement qu'un pharmacien adjoint avec 20 ans d'expérience ne sera pas forcément meilleur qu'un jeune couple puisque le métier de titulaire ne s'apprend pas tant que l'on ne le vit pas réellement.
Nous nous remettons donc à vos conseils pour mener à bien nos recherches. Nous visons une pharmacie de 2 à 3 M€ entre Chambéry et Annecy. Nous avons un apport à nous deux de 250 K€ avec un booster (groupement ou grossiste) on serait à 500 K€ je pense donc que l'on peut viser ce type de structure dans le montage avec la banque. On ne nous apprend pas à dénicher notre futur officine à la faculté, nous ne savons donc pas comment s'y prendre. On en a discuté avec nos titulaires (ils nous ont dit de bien s'entourer d'un bon expert comptable, avocat etc). Comment trouver des officines qui correspondent à nos critères ? En passant simplement par des sites reférencés sur google ou faut-il passer obligatoirement par des cabinets spécialisés dans les transactions d'officines ? Concernant les boosters d'apport vers qui se tourner en priorité ? En vous remerciant pour votre lecture et vos retours que l'on espère nombreux.
PS : Désolé pour la longueur de ce post ...

Bonjour,
pour vous faire part de mon expérience ,j'étais employé comme pharmacien assistant coeff 550 sur 38 hrs (avec le nouveau point mai 2025 j'aurais 4800e/brut) et en décembre 2023 ma patronne me convoque et me demande si je serais intéressée pour racheter la pharmacie.
C.A a 1.3 millions d'euros.
Fevrier 2024 J'achète a 65% du C.A +rachat du stock 140keuros+20keuros de périmés et je reprends les 2 préparatrices
Je vous passe les détails juridiques.
Entre temps travaux sur la ville (1.5ans) suppressions d'une grande place d'environ 200 places (pour faire une place avec des fontaines et les places de parking ont été déssiminés un peu partout dans la commune.

Au jour d'aujourd'hui,la patientèle est partie ailleurs (ou ils peuvent se garer)et probablement ne reviendront pas.
le previsionnel 2024 sur 12 mois je l'ai fait en 15 mois (manque environ 100keuros/le mois),mes préparatrices me coutent un oeil (des personnes d'expérience avec grosse ancienneté).
Je ne pars plus en vacances,ou devrais-je dire (nous ....on est 4 ,un concubin et 2 enfants)
L'été 2024 parti 4 jours pour couper un peu ,ce fut la croix et la banière pour trouver un pharmacien remplaçant ,obliger de passer par l'interim (ça m'a couté 68euros/h).les 4 jours m'ont coûté 2500 euros.
Je travaille 6jr/7 a la louche 50 heures sans compter les gardes de nuit (ou quand je fais que 10 patients c'est bien) et les gardes du dimanche.
Au début j'avais tablé sur un salaire a 4000 euros pour très vite descendre aujourd'hui a 2500 euros.
Quand on fait le ratio heures travaillées /salaire je suis a 11.53e/h
Dans l'impossibilté financière de prendre un pharmacien assistant du fait du coût mensuel.
Surtout ne pas savoir si on est au bout du tunnel ou si le tunnel est encore loin,ne pas savoir quelles décisions prendre pour faire évoluer mon commerce.
Les déserts médicaux qui n'arrangent pas la chose
Je suis écoeurée ,dégoutée ,déprimée a 2 doigts d'une séparation avec mon conjoint qui ne supporte plus cette vie de ne plus se voir et de rien faire les week-ends.(il a fait des concessions niveau salaire pour me laisser la voie libre pour developper mon activité et prendre les enfants en charge le soir )il a perdu environ 7-800 euros/mois
Certainement que les calculs n'étaient pas bons et que je me suis vu gagner facilement 5-6000/mois;or c'est tout l'inverse qui se produit et regrette ma vie d'assitant ou j'avais zéro soucis ou je serais aujourd'hui a 3800 euros net.
C'était un projet de vie qui s'est transformé en survie.
Je ne veux pas vous faire peur mais calculé tout bien ,moi j'ai oubliée que la vie de famille avait son importance dans le calcul ,même si on savait qu'il y aurait des concessions a faire ,on n'aurait jamais imaginer que l'on en fasse autant.
Avant le rachat de la pharmacie on avait entre 7 et 9000 euros/mois (mon compagnon faisait du déplacement dans les travaux publics !..donc gros salaire).
Des vacances d'été au top ,très souvent une semaine au ski et des week-ends de ci de là.
Un achat de voiture a 50K
En vrai on ne calculait rien
Aujourd'hui on vit avec la moitié voire moins de la moitié .
A la rigueur l'argent n'est pas forcément un problème mais surtout c'est les vacances ,les week-end et les moments en famille qu'on ne fait plus.
Bon courage dans votre projet
En espérant ne pas vous avoir démoraliser ,cela reste mon expérience.

Témoignage difficile. @christelle je serais toi (ce qui est est toujours facile de donner des conseils de l’extérieur…) je travaillerai à fond pour :
- réduire tes horaires d’ouverture : les patients s’adaptent sauf si tu as une sortie d’école ou un truc comme ça
- réduire ton administratif : passes tout ton non remboursé au comptoir des pharmaciens, ne reçois plus de commerciaux
- réduire ton « hors médicament » : acceptes que tu ne peux pas être compétitive sur les shampoings, et la spécialisation santé c’est apprécié de ceux qui font ta marge (les patients chroniques). Stop le merch, le referencement de gammes de merde, les contraintes d’achat…
- fermes pendant les vacances : si tu préviens tes clients, tu ne perdras rien du tout
- sois sympa : meilleure arme des petites pharma face aux plus grosses, la sympathie
- vires une préparatrice / remplaces la par un robot : 0 chômage, les fautes graves ça existe, et maintenant les prud’hommes ce n’est plus la fiesta, peu y vont
- envisages de plier boutique : tu n’as qu’une vie ! Les situation totalement inextricables sont rares , et si ta seule perspective c’est de ruiner ta vie perso, sans gagner un kopeck, tu devrais envisager d’autres options (revendre ou liquider)

Bon courage à toi, vraiment. N’hésites pas à prendre du recul, fermes 2 jours, reposes toi avec ton mari… tu verras les clients seront toujours là.

@thibault le témoignage doit te rappeler que c’est un projet entrepreneurial avec les risques inhérents. Tu ne pourras jamais totalement éliminer le risque d’un échec, mais pour le réduire:
- Connais parfaitement les chiffres et ratios de la professions. C’est fondamental de connaître l’économie d’une officine classique et de parfaitement comprendre les différents points clés à suivre (l’EBE retraité notamment, la masse salariale, l’inintéressance totale du CA qui ne veut rien dire).
- Essaies de bosser gratos un peu dans la pharma que tu auras prévu d’acheter, et de te renseigner sur la moralité du vendeur : la fraude c’est un sport national chez les boomers vendeurs
- envisages des business plans pessimistes (-20% sur le chiffre, ça donne quoi concrètement ?)

Les red flags : un mec qui est gêné si tu lui demande faire des verifs dans son LGO (écarts entre achat et vente sur des produits chers), qui galère à te sortir ses 5 derniers bilans, bref qui n’est pas 200% transparent.

Pour moi l’âge ne veut rien dire, tu peux être très con à 26 ans comme très malin. Le risque lié à l’âge vient peut être du risque de perdre notion des réalités : quand t’achètes un truc à 2Mn€, et que tu as 500k sur le compte de la pharma, tu peux à tort penser que tu n’es plus à 500 balles prêt. Il faut garder la tête froide. Je pense que c’est un atout par contre concernant la digitalisation et la robotisation pour réduire tes coûts.

Ça peut être une super aventure : passionnante, valorisante, et enrichissante financièrement. Tu ne retrouveras cela nulle part ailleurs en étant salarié.

Ça peut aussi être un long calvaire, surtout avec les montants que tu évoques qui sont très engageants. Bosser avec ta femme ? À toi de voir, tu majores le risque financier, et en cas de stress, tu n’auras pas ta conjointe pour t’aider à prendre du recul. Et le risque perso me semble élevé aussi mais j’imagine que vous avez déjà bien réfléchi à ça. Ça doit probablement être très cool si ça se passe bien.

La question est celle de l’alternative : si vous ne vous lancez pas, qu’allez-vous faire ? Rester adjoints ? Je pense que si vous voulez vous lancer, le plus tôt est le mieux : à 40 ans si vous gérez bien, vous aurez potentiellement de très bons revenus, une vie confortable, et le choix (de vendre, de se réinstaller,…). Et vous avez aussi un peu le droit de vous planter. À 40 balais, en pleine forme, vous aurez une sacrée expérience pour repartir sur un nouvel achat si le premier ne vous a pas permis d’atteindre vos objectifs.

J'ai oublié de préciser ,je fais parti du groupement Lafayette.
Groupement qu'avait intégré mon ancienne titulaire avant que je rachète la pharmacie
Il y a un contrat de 3 ans ,cela me coûte 2000 euros/mois.

@Christelle, quand je lis ton histoire, je suis effaré.
Surtout quand je vois qu'une pharma de 2.3M€ seule au village (sans MG et sans adjoint), proche de chez moi, a galéré pour retrouver un repreneur à l'euro symbolique, je me dis que le soleil se paye très cher.

As tu été accompagnée dans ton achat, par un ami titulaire extérieur, par un comptable différent de celui de ton ancienne titulaire, ou un avocat spécialisé?

Quand je vois ta situation sur le terrain avec une grosse pharma toute proche de la tienne, je n'aurais même pas mis 1€ symbolique dans cette pharma. Surtout, parce qu'elle est liée à une enseigne où tu dois faire beaucoup de volume pour sortir un résultat inférieur aux moyennes nationales, jusqu'à atteindre le "point mort". (Ce qui explique tout les périmés, de la para et OTC ? )
En dessous de cette barre que je place actuellement entre 1.9M€ /2.5M€ selon le contexte local, tu bosses uniquement pour couvrir les charges et les remboursements. Ton seul espoir c'est de te développer et grossir rapidement pour revendre avec une plus-value. (ou de trouver un pigeon près à racheter)

Visiblement, ton ancienne titu a tenté le coup du casseur de prix, mais n'a pas réussi à atteindre le seuil de rentabilité.

Il y a peut être (mais sous toutes réserves) à voir si ta titu n'était pas au courant d'une situation à venir qu'elle t'aurais caché car avant de faire des travaux municipaux, il s'écoule plus d'une année... , après il te seras certainement répondu que c'était à toi de te renseigner surtout si ça figurait dans les derniers rapports des conseils municipaux... à voir, mais tu es peut être dans une situation de dol.

Tu nous parles d'achat en % du CA mais pas d'EBE ou de VA. Or dans les petites officines (surtout sous enseigne de discount) quand ces 2 indicateurs sont proches de la moyenne nationales c'est uniquement parce que le titu compense le manque de personnel et se tape des heures à ne plus finir, week-end compris.

Que donnait le prévisionnel de ton comptable?, avait il été retraité des loyers,... ? et te laissait il assez de cash pour vivre pendant la période de remboursement ?

Enfin, tu peux aussi rencontrer tes 2 concurrents pour leur proposer la disparition de licence, pour aller rebondir sous d'autre cieux, mais je pense que l'arrivée d'un casseur de prix ne les effraye plus.
Dans ce cas, tu y laisseras certainement un bras, mais c'est peut être mieux que d'y passer en entier.

Ils te proposent quoi concrètement Lafayette pour 2000 balles par mois ?

@Christelle

Je suis vraiment touché par ton témoignage. Merci pour ta franchise. Ce que tu décris, c’est malheureusement une réalité que beaucoup vivent ou redoutent : un rachat qui semble cohérent sur le papier, mais plombé par des imprévus (travaux, désertification médicale, charges fixes lourdes) et une pression quotidienne énorme.

Tu as beaucoup de courage d'arriver à tenir mais il faut aussi se le dire clairement : ça ne sert à rien de s'épuiser jusqu’à tout perdre.
Si tu es à bout physiquement, moralement, et que ça flingue ta vie de famille, il est peut-être temps de réévaluer la situation à froid. Pas dans la panique, mais avec lucidité. Vendre quitte à perdre, restructurer la dette,.... Il y a toujours des options, même si aucune n’est simple.

Quelques questions concrètes pour mieux comprendre :

- Quel était le CA, la marge et l’EBE de la pharmacie à l’achat, et où en es-tu aujourd’hui ?

- L’ancienne titulaire était-elle au courant de l’ampleur des travaux à venir ? Et toi tu ne t'étais pas renseigné où tu as minimisé l'impact?

- Pourquoi l'ex titulaire a choisi Lafayette pour une structure de cette taille ? Est-ce envisageable de leur expliquer la situation pour en sortir rapidement ? Ils peuvent se montrer souples surtout si tu leur dit que tu peux plus payer la cotisation...

Comme l’a dit Ledude : objectif rentabilité et qualité de vie ++. Réduction drastique du stock, recentrage sur les produits qui tournent, réduction des plages horaires et chasse active aux coûts . Dès que tu peux : envisager de remplacer une préparatrice par un jeune pharmacien pas trop coûteux pour te soulager sur les horaires et retrouver un peu de souffle.

Ton témoignage est un vrai électrochoc. Il remet les pieds sur terre : la titularisation, ce n’est pas une fin en soi, c’est un business, avec tout ce que ça implique en charge mentale, en risques, et en solitude parfois.

Bon courage à toi dans cette période difficile. N’hésite pas à échanger en privé si tu veux — on est plusieurs à pouvoir comprendre de l’intérieur ce que tu vis. Et parfois, un simple échange peut vraiment aider à y voir plus clair.

@Christelle
Pour compléter mon poste précédent.
Je vois sur Google earth que les travaux de la place était déjà entamé en juin 2022. Le dol ne sera pas défendable sur ce point.
D'autre part, ton voisin immédiat (Viadis) subit les conséquences de la disparition du parking au même niveau que toi.
Peut-être, pourriez vous vous regrouper pour supprimer une licence et transférer à l'extérieur. Je sais le rond point stratégique de l'intermarché est déjà occupé, mais il reste certainement d'autres endroits plus stratégique que vos emplacements actuels.
PS : Et la disparition des 2 dernières officines du centre ville fera certainement une bonne publicité pour la réélection de ton maire 🤬, restera à y installer dans vos deux emplacement des activités qui lui feront plaisir, ou bien une ou deux permanences d'oppositions en attendant de trouver le bon locataire...