Vous avez tremblé devant l'ouverture du capital ? Avec le projet du CNGPO, vivez-là en live de l'intérieur !
Si les 22500 officines françaises se trouvent trop petites pour pouvoir faire face aux demandes du projet de loi HPST, elles ont déjà au moins 2 leviers pour agir :
1. le regroupement.
2. l'action syndicale afin que les moyens octroyés soient en adéquation avec le travail demandé.
Une officine succursale devrait quant à elle permettre de payer des salaires de gérants pendant toute la durée d'ouverture (plus de 35h/sem et remplaçant pendant les congés payés). Les charges sociales seraient donc celles de salariés. S'y ajouteraient les revenus du titulaire (c'est quand même le but du jeu), que ce soit en capital ou en dividendes. Une officine générant de tels revenus n'a donc pas vraiment le profil d'une officine en difficulté...
Concernant les conséquences pour les jeunes pharmaciens, les arguments avancés sont irrecevables et empreints d'une mauvaise foi évidente :
On propose aux jeunes pharmaciens des postes de gérants. Ca peut parâitre alléchant, à ceci prêt que ceux, encore majoritaires, qui veulent s'installer devront eux aussi s'en contenter.
Le calcul est simple : un jeune qui veut s'installer aujourd'hui doit le plus souvent s'orienter vers une petite officine inintéressante pour une seconde installation et/ou s'installer en SEL avec "l'aide" d'un confrère investisseur qui n'exerce pas dans l'officine convoitée. Si le projet sur les succursales aboutissait, les petites officines permettraient aux pharmaciens déjà installés de faire de la croissance externe. Par aileurs, ceux qui investissent aujourd'hui dans des SEL n'auront plus à s'embarraser d'associés .
L'analyse peut également se faire d'une façon globale : toujours autant de pharmaciens, moins d'officines et jusqu'à quatre fois moins de titulaires aux commandes : il n'y aura pas de place pour tout le monde. La règle du plus offrant fera le reste. Adieu les rêves d'installation de nos jeunes confrères !
Vous l'aurez donc compris, les succursales permettront de maintenir le capital entre les mains de pharmaciens, certes, mais d'un nombre de plus en plus restreint de confrères. Et quand viendra l'âge de la retraite pour les propriétaires de ces beaux édifices, qui pourra les acheter au prix demandé ? Je laisse chacun se faire son opinion...
Une phrase du type "cette proposition a l’avantage de clarifier le marché, ce qui est une nécessité dans le contexte des transactions actuelles" est absolument vide de sens. D'autant qu'un marché "clarifié" tire nécessairement les prix vers le haut. Or, les prix actuels sont déjà le principal frein à l'installation des jeunes pharmaciens.
Les arguments avancés par le CNGPO sont donc suffisamment contestables et les bénéfices espérés par une minorité de confrères sont suffisamment flagrants pour que les véritables motivations du projet apparaissent clairement. Un bel exemple de solidarité intergénérationnelle !
NB : Cela fait à peine quelques années que "grâce aux" SEL, pour éviter une dégringolade du prix des officines, de jeunes confrères doivent renoncer à la moitié du capital de leur officine et rembourser les parts d'un associé qui n'y met pas les pieds. Pendant ces quelques années, on leur a promis que les investisseurs devraient se contenter de moins de 50% du capital et des droits de vote. Et comme les promesses n'engagent que ceux qui y croient, on leur annonce aujourd'hui que finalement, le gérant n'aura plus ni droit de vote, ni participation au capital... sauf bon vouloir du titulaire. Vive le progrès !
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