Bonjour,
Parcourant régulièrement Pharméchange sans y participer, je me permets d'intervenir pour vous faire part de mon experience sur ce sujet qui, vous le comprendrez, occupe toutes mes journées.
J'étais déjà intervenu sur l'ancien forum il y a plusieurs mois afin de récolter avis et opinions sur des questions portant sur un potentiel statut de preparateur indépendant.
Depuis le debut des années 2000, plusieurs structures privées ont initié la livraison de médicaments au domicile des particuliers comme activité commerciale. On les retrouve principalement sur les grandes agglomérations, Paris, Marseille, Lyon, Nantes, Grenoble...En 2010, cette tendance s'accroît progressivement et les études de marché pleuvent sur l'ensemble du territoire. D'où certainement l'intérêt croissant d'établissements comme La Poste ou d'autres "Gros" dans le futur.
En tant que pharmaciens et préparateurs, nous savons que cette forme de livraison est assez exceptionnelle au sein des officines (mis à part celles qui ont décidé de le développer ou des livraisons régulières vers quelques patients habitués ou vers des établissements de santé). Ce qui ne signifie pas que la demande n'existe pas.
Or, vous savez peut-être également (ou pas) que beaucoup d'autres structures, notamment associatives, communiquent énormément sur le fait qu'en sus des services de courses à domicile qu'elles réalisent pour leurs clients (supermarché et autres...), elles incluent le portage de médicaments. L'aide à domicile réalise donc un acte pharmaceutique illégal cautionné par le(la) pharmacien(ne) puisque des médicaments, qui ne lui sont pas destinés, lui sont délivrés sans étiquette nominative et dans un paquet non opaque. En conséquence, le professionnel va à l'encontre non seuleument du Code de la santé Publique, mais également de son Code de Déontologie (quid du secret médical dans ces conditions de délivrance ?)
Donc de 2 choses l'une. Soit on a conscience qu'effectivement il est impossible pour le pharmacien de refuser cette délivrance et le professionnel de santé est donc en contradiction totale mais volontaire avec sa règlementation professionnelle. Soit, le pharmacien est un professionnel rigoureux, applique à la lettre la règlementation et se débrouille tant bien que mal à assurer ces livraisons (soit en dehors des heures de travail, soit en envoyant un collaborateur comme vous le précisiez), avec toutes les complications que cela peut entraîner (notamment l'absence au comptoir). Cela reste un choix, qui ne devrait dans les textes pas exister, mais la DDASS n'a pas le temps d'effectuer les contrôles qui s'imposent (dixit la DDASS).
Bref, le question se pose effectivement.
Actuellement la situation échappe à la profession puisque le commercial prendra de toute façon le pas sur la règlementation. De plus, dans un avenir à moyen terme, les particuliers pourront passer des commandes d'ordonnance en ligne avec des médicaments listés (scan d'ordo). La préparation se fait déjà à distance grâce aux fax. Ce qui sous-entendrait un développement exponentiel des livraisons à domicile (On passe commande et on se fait livrer). C'est l'ère du temps. Tout se livre.
De nouveau, plusieurs choix s'imposeront. Soit la pharmacie développe sa propre activité de livraison (personnel et matériel supplémentaire, carburant...). Solution possible mais coûteuse en investissement et en organisation. Soit le pharmacien fait appel aux services d'un professionnel spécialisé dans la livraison de médicaments. Solution qui a également un coût mais qui ne nécessite aucun investissement, qui libère du temps et qui surtout est en adéquation avec la règlementation.
Tout ceci pour vous dire qu'ayant été préparateur en pharmacie pendant une quinzaine d'année, j'ai décidé de créer une toute jeune entreprise spécialisée dans cette activité. Je propose donc depuis quelques mois mes services aux pharmaciens pour livrer leurs clients. Concrètement, les professionnels accueillent plutot bien le service et le statut de préparateur légitimise l'initiative. De là à passer le cap de la commande, il y a encore du travail. Mais, elle suscite l'intérêt et ne laisse pas indifférent.
Or effectivement, comme le disait manager, bien que notre statut de préparateur nous donne une compétence innégalable dans le médicament (hors pharmacien bien sûr), s'il n'existe pas de contrat de travail entre le pharmacien et le préparateur, rien ne peut le distinguer d'un "livreur de médicaments" n'ayant aucune formation paramédicale, car la délivrance et la dispensation à domicile, par un professionnel ou toute autre personne non pharmacien, préparateur "contractualisé", médecin ou infirmier, est interdite.
Du lien médical unique dans la dispensation que pourrait créer notre formation et notre expérience de préparateur entre le pharmacien, "son livreur de médicaments" et le patient (transmission des informations, des conseils d'observance, contrôle des quantités à domicile, traçabilité..), on aboutit...à rien, ou plutôt à tout et n'importe quoi.
Donc pour l'instant, ces services demeurent dans la simple délivrance. Pourquoi pas une dispensation sous la forme d'un relais médical entre professionnel officinal et professionnel du médicament livreur ?
Je relativise puisque l'activité peut ne pas se développer, mais puisqu'elle existe, un service respectant le Code la Santé Publique et la règlementation des transports (eh oui ! c'est obligatoire) doit être offert aux choix des professionnels officinaux.
Voilà pour la petite histoire qui pourra alimenter la discussion ;-)
Désolé pour la longueur.
Message édité par : lolo6666 / 02-09-2010 00:09
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