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pharma-espoir

Forum » » Vers le futur » » Télémédecine, de la fiction à la réalité.


Posté : 02-11-2012 12:23 icone du post

Jyt, moi je suis à 200% d'accord pour dire que la pharmacie doit prendre un virage, et moi aussi en tant que jeune pharmacien je suis motivé pour faire bouger les choses. MAIS pas pour bouger les choses n'importe comment !

Les taches du pharmacien de demain doivent rester en rapport avec l'art de la pharmacie que l'on nous enseigne à la faculté.

Parce que si on caricature ton raisonnement, demain si on a une pénurie de boulangers, on doit en profiter pour vendre des chaussons aux pommes pour gagner une source de revenus supplémentaire !!

On ne doit pas faire n'importe quoi sous prétexte que ça nous fera gagner de l'argent. D'un point de vu formation et compétences scientifiques, on est au niveau des médecins, vétos, dentistes. Explique moi comment tu peux attirer des étudiants vers la filière pharmacie si il faut se taper 6 ans d'études + un doctorat pour vendre des crèmes solaires, réceptionner des commandes, ou jouer à l'infirmière pendant une téléconsultation.

Dans ton raisonnement, l'aspect économique passe avant l'aspect intellectuel du métier. Bah non, je regrette, mais quand on a fait des études aussi dures, on aspire à exercer un poste à responsabilités et intellectuellement stimulant, avec des décisions à prendre directement en lien avec notre haut niveau de culture scientifique.

Pense à l'avenir : Qui va s'emmerder à faire pharma si c'est pour au bout faire un boulot qu'une aide soignante pourrait faire ? Moi j'ai fait pharma par passion pour la science du médicament, et je veux que mon boulot reste axé sur ça. Je veux faire un boulot qui met à contribution mes compétences. Je ne veux pas faire un boulot que n'importe qui pourrait faire.

Regarde la levé de boucliers des vétos quand un député a émis l'hypothèse qu'ils puissent prendre en charge les patients en urgence en cas d'absence du médecin. Ils n'ont absolument pas voulu avoir un rôle de sous médecin en plus de leur activité vétérinaire.

Aucune profession médicale veut se développer en faisant des actes de paramédicaux. Et les pharmaciens à l'étranger ne font pas d'actes de paramédicaux. Pourquoi en France on serait une exception ?

Parce que si on prend l'exemple du Canada, ou les pharmacies ressemblent à des supermarchés, les rôles sont bien mieux hiérarchisés : les pharmaciens ne s'occupent que de l'analyse et la validation des ordonnances, ou questions et demandes spontanées des patients. Tout le reste des taches est délégué à des non-pharmaciens.

A la fin de la PACES, un étudiant qui a le choix entre médecine et pharma, il n'y a aucune chance qu'il choisisse pharma si il sait qu'en faisant des études aussi dures, il fera un boulot ou un BTS aurait suffit.

Donc je trouve ça bien de vouloir diversifier les sources de revenus au sein d'une officine, mais n'oublie pas que pour que notre diplôme reste attractif et le métier intéressant, il faut que les tâches soient bien hiérarchisées : Tout ce qui ne nécessite pas de pharmaciens doit être fait par des non-pharmaciens, sous le contrôle de pharmaciens (matériel médical, para, commandes, rejets tiers-payant, piluliers, télémédecine), et le boulot scientifique doit être fait par les pharmaciens (dispensation, analyse, validation, entretiens, consultation du DP, informations aux patients).

Il n'y a pas beaucoup de réactions sur ce post, c'est dommage, mais j'ose espérer que la majorité des pharmaciens pensent comme moi quand même !

Cet article provient de Pharmechange
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