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pharma-espoir

Forum » » Cas de comptoirs » » Pilule pour chatte


Posté : 08-08-2016 03:05 icone du post

Moi je pense que comme dans tous les conflits, personne n'est blanc, personne n'est noir, la responsabilité de la mauvaise entente entre pharmaciens et vétérinaires est partagée à 50/50 entre les deux professions, même si chacun défend son bout de gras.

Le tort des pharmaciens : parfois délivrer illégalement des médicaments à prescription obligatoire à des clients qui n'ont pas de prescription, et parfois se hasarder à des diagnostics foireux ou des conseils qui dépassent les compétences du pharmacien. C'est un manque de respect envers le rôle du vétérinaire, on donne l'impression qu'on peut passer outre son expertise.

Le tort des vétérinaires : parfois ne pas remettre les ordonnances aux clients, ce qui est illégal, ou d'influencer dans le libre choix du client de choisir celui qui va lui délivrer ses médicaments. C'est un manque de respect envers le rôle du pharmacien dans la délivrance des médicaments. De manière générale, on sent que les vétérinaires placent l'acte de prescription au dessus de l'acte de délivrance dans la hiérarchie... Alors que l'acte de délivrance, qui consiste à contrôler le traitement prescrit, les interactions, les contre-indications, les posologies, à corriger les erreurs si elles existent, à conseiller, et à prendre la responsabilité des traitements délivrés en cas d'accident, ça a largement autant de valeur ajoutée que l'acte de prescription.

Après c'est un cercle vicieux sans fin : les vétérinaires, voyant que certains pharmaciens se permettent de jouer au clinicien à leur place, font obstruction à la concurrence sur la délivrance des médicaments avec leurs clients, c'est compréhensible.

Les pharmaciens, voyant que les vétérinaire pissent un peu sur le rôle du pharmacien dans l'acte de délivrance, se permettent de délivrer des médicaments à leurs clients alors qu'une consultation chez le vétérinaire était nécessaire.

Et dans tout ça, il y a les clients pro-pharmaciens : "les vétérinaires sont des truands qui captent la délivrance des médicaments, en zappant l'expertise et la vérification du pharmacien, pour faire plus de fric", et il y a les clients pro-vétérinaires : "les pharmaciens délivrent des médocs sans ordonnance en zappant le diagnostic du véto pour se faire plus de fric".

En médecine humaine, il n'y a vraiment pas tout ces problèmes : à part quelques exceptions, les pharmaciens ne se permettraient jamais de délivrer des médicaments à prescription obligatoire, sans ordonnance présentée par le patient, sauf en cas d'urgence bien évidemment. Et à part quelques exceptions, les médecins ne se permettraient jamais de remettre en cause le rôle du pharmacien dans la délivrance, et ces mêmes médecins ne se permettraient pas non plus de remettre en cause la décision d'un pharmacien de ne pas délivrer un traitement qu'il ont prescrit car le pharmacien estime que ce n'est pas adapté : la décision finale de délivrance appartient au pharmacien, et c'est logique. Il y a donc une relation d'égal à égal entre médecins et pharmaciens qui s'est mise en place avec le temps.

En médecine vétérinaire, la concurrence sur le monopole partagé entre pharmaciens et vétérinaires pour la délivrances des médicaments vétérinaires empêche d'avoir des relations aussi saines et respectueuses, mais il faut essayer de chaque côté de faire un pas vers l'autre pour améliorer nos rapports.

Les vétérinaires sont docteurs et bac+7.
Les pharmaciens sont docteurs et bac+6 à bac+9 selon la spécialité.

Chacun a donc des compétences scientifiques de haut niveau à faire valoir.

Je vais aussi poster ce message sur le forum des vétérinaires.

Cet article provient de Pharmechange
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