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Forum » » Le café du commerce » » Les primaires de la droite et les pharmaciens!


Posté : 24-11-2016 19:17 icone du post

Au cas où, j'ai reçu ce comparatif de l'uspo :



Paris, le jeudi 24 novembre 2016 JIM – Beaucoup a déjà été dit sur la surprise représentée ce dimanche par l’arrivée en tête au premier tour de la primaire de la droite et du centre de François Fillon, devançant largement le pourtant favori maire de Bordeaux, Alain Juppé. Cette configuration imprévue a donné lieu à des passes d’arme inattendues entre les deux hommes, Alain Juppé souhaitant appuyer sur leurs différences de perception de certains sujets éthiques. Au-delà, les programmes concernant la santé des deux hommes connaissent des points communs qui séduiront notamment les médecins libéraux (abrogation du tiers payant notamment), mais ne sont pas dénués de différences assez tranchées en ce qui concerne par exemple l’Assurance maladie. Revue de détails.

Remboursements : la différence majeure

François Fillon souhaite recentrer « l’assurance publique universelle sur des affections graves ou de longue durée ». L’assurance privée devrait prendre en charge les autres dépenses. Les sujets ne pouvant accéder à une couverture privée bénéficieraient cependant d’une assurance maladie publique élargie. Une franchise médicale universelle sera instaurée remplaçant le ticket modérateur, franchise qui pourra être différente en fonction des revenus. Les mutuelles étant amenées à jouer un rôle accru, une agence de contrôle de l'assurance de santé privée sera installée pour réguler les contrats de complémentaires santé. L’Aide médicale d’Etat sera remplacée par une dispense de frais de santé limitée (hors mineurs) aux urgences et aux maladies graves ou contagieuses.

Alain Juppé s’engage à maintenir le taux de couverture actuel, considérant les déremboursements comme injustes et risquant d’accroître les inégalités. Il souhaite « progresser » dans le domaine de la prise en charge des soins optiques et dentaires. Il préconise une réforme de l’AME afin qu’elle soit réservée aux cas d’urgence et aux maladies infectieuses. Il prône encore une lutte plus active contre les fraudes et la tolérance zéro pour les actes inutiles ou redondants. Il souhaite revoir la généralisation de l’affiliation à une mutuelle, qui a créé une situation guère « acceptable ».

Retour à l’équilibre : une politique plus volontariste chez Fillon

François Fillon, outre les bénéfices tirés des déremboursements, veut imposer une "règle d’or" imposant l’équilibre des comptes de l’assurance maladie. Les administrations de la Sécurité sociale seront largement mises à contribution, devant supporter 50 milliards d’euros d’économie. Les cotisations maladie patronales basculeront vers un mix CSG/Tva. Le taux de progression des dépenses ne devra pas dépasser 2 % par an. L’ensemble des efforts devrait permettre, selon le candidat, d’économiser 20 milliards d’euros. Ces différentes mesures permettraient notamment de garantir l’accès à l’innovation au plus grand nombre.

Alain Juppé, outre la lutte contre la fraude et les actes redondants, veut améliorer l’efficience de la gestion. La systématisation de l’évaluation médico-économique est également souhaitée. Un retour à l’équilibre est l’objectif poursuivi. La négociation du prix des médicaments en fonction du service médical rendu est également au programme.

Médecine libérale : un diagnostic et des propositions très proches

François Fillon souhaite la suppression du tiers payant généralisé. Le médecin traitant doit être pour lui « l’acteur central du parcours de soin ». Il promet de garantir aux médecins généralistes et spécialistes une juste rémunération « à la hauteur de leur engagement, leurs compétences et leurs responsabilités en intégrant dans leur convention des critères d’évaluation des missions remplies au-delà de l’acte de base (objectifs négociés, missions de santé publique) ». Il est favorable à un renforcement de la Rémunération sur objectif de santé publique (ROSP). La simplification des tâches administratives passera notamment par le déploiement du dossier médical partagé.

Alain Juppé, également défavorable au maintien du tiers payant généralisé, appelle à un "New Deal" pour la médecine libérale. Il rappelle son attachement aux différents fondements de la médecine libérale : liberté d’installation, de prescription mais aussi de « libre fixation des honoraires » et de paiement direct. Il estime nécessaire d’accompagner la mutation des modes d’exercice (avec notamment une promotion possible de l’exercice collectif). Il proposera « une rémunération spécifique de la mission de prévention et des missions de santé publique. Et cela à partir de critères scientifiques établis par les collèges professionnels ».

A l’hôpital, fin des 35 heures et autonomie pour les deux prétendants

François Fillon propose que la gouvernance hospitalière soit améliorée grâce à une plus grande implication des professionnels. Une mixité privé/public accrue est préconisée, ainsi qu’une plus grande autonomie des hôpitaux. Une réforme de la carte hospitalière sera engagée. Une réflexion sur le rôle des Centres hospitaliers universitaires (CHU) avec la volonté de mieux exporter l’excellence de notre système de soins sera par ailleurs lancée. La fin des 35 heures à l’hôpital est également au programme.

Alain Juppé juge que la priorité est une remise à plat de l’organisation du travail dans les hôpitaux, s’inquiétant notamment de l’augmentation de l’absentéisme et de la progression du burn out. Le recours à l’intérim devra notamment trouver une solution plus pérenne. Une sortie des 35 heures sera engagée. Une complémentarité publique/privée plus importante est également souhaitée. L’autonomie budgétaire des hôpitaux devra être renforcée, tandis qu’une évolution de la tarification à l’activité, afin qu’elle soit mieux adaptée à la réalité, sera proposée.

Professions paramédicales : la coordination pour objectif

François Fillon est très attaché à l’idée de créer d’avantage de passerelles entre les professions de santé. Il se montre sensible à l’idée de « mieux intégrer les professions paramédicales dans le parcours de soin pour le traitement de certaines maladies, en particulier chroniques ».

Alain Juppé souhaite « ouvrir un véritable dialogue fondé sur la confiance, de qualité, en continu avec ces professions afin d’améliorer l’organisation des soins et développer l’inter-professionnalité ».

Officine : pas de révolution ni pour l’un, ni pour l’autre

François Fillon sera attentif à un renforcement du rôle du pharmacien dans le parcours de soins des patients, dans la lignée de la loi Hôpital patient santé territoire. Les formations des officinaux pour répondre à leurs nouvelles missions devront être renforcées.

Alain Juppé estime nécessaire de réfléchir à une évolution du mode de rémunération des pharmaciens, estimant que la crédibilité du pharmacien est entachée par la corrélation entre ses revenus et le volume de médicaments vendus.
Ils sont tous deux opposés à la vente de médicaments dans les grandes surfaces ou à l’ouverture du capital des officines à d'autres secteurs.

Organisation des soins : des déclarations qui se font écho

François Fillon mise sur le développement des maisons médicales et des structures de petites urgences pour désengorger les services hospitaliers. Il veut favoriser les exercices mixtes, en créant par exemple un statut de médecin attaché à l’hôpital.

Alain Juppé considère qu’il faut sortir d’un système trop « hospitalo centré ». Il juge que « l’amélioration des relations de travail entre la médecine hospitalière et la médecine ambulatoire, ainsi qu’avec les services sociaux » doit être une priorité. Il souhaite veiller à une amélioration de la régulation par le 15.

Incitation à l’installation dans les déserts médicaux : allègements de charge pour Fillon, bonus pour Juppé

François Fillon estime indispensable d’ « attirer et accompagner des vocations vers la médecine de proximité notamment dans les territoires délaissés ». Le développement de maisons médicales de garde sera poursuivi. Parmi les nouvelles incitations à l’installation possibles, il s’intéresse au dégrèvement URSSAF et de la CSG et à la majoration des honoraires. Il pourrait également renforcer la possibilité du cumul emploi/retraite.
Alain Juppé veut jouer sur l’attractivité des territoires. Il pourrait également muscler les aides à l’installation et évoque notamment des facilités pour l’attribution de locaux professionnels ou de logements. L’installation en groupe devrait également être favorisée et le compagnonnage sera promu.

Les deux candidats sont attachés au maintien de la liberté d’installation.

Etudes médicales : Juppé favorable à la sélection sur dossier, Fillon muet

François Fillon a davantage insisté dans ses propositions sur la formation continue des professionnels de santé, dont il juge qu’elle doit être réformée et renforcée.

Alain Juppé est favorable à une sélection sur dossier des étudiants admis en première année commune aux études de santé afin d’éviter le gâchis de la première année. Il estime que l’accent devrait davantage être mis sur la « relation avec la personne (…), la prévention, les nouvelles technologies, sans oublier l’apprentissage des langues étrangères » au cours des études médicales.

Fin de vie, le consensus

François Fillon et Alain Juppé présentent des positions semblables concernant l’accompagnement de la fin de vie. Hostiles à l’autorisation de l’euthanasie active, ils se sont montrent satisfaits de la nouvelle législation Claeys/Leonetti.

GPA et PMA : une concordance presque parfaite

François Fillon est totalement opposé à la Gestation pour autrui (GPA). Il souhaite renforcer les sanctions pénales vis-à-vis des personnes ayant recours à cette pratique.
Alain Juppé est également contre la GPA. Il est hostile à la reconnaissance par l’état civil des enfants nés à l’étranger.

Les deux candidats s’opposent à l’accès à la PMA pour les couples de femmes.

Dépénalisation du cannabis : la contravention pourrait tenter Alain Juppé

François Fillon est opposé à toute forme de légalisation ou dépénalisation de l’usage des drogues parmi lesquelles le cannabis.

Alain Juppé bien qu'opposé à toute forme de légalisation ou dépénalisation de l’usage des drogues, pourrait mettre en place une contravention d’une centaine d’euros pour sanctionner le simple usage, contravention qui serait assortie d’une information des familles pour les mineurs.

Recherche : une même volonté de réaffirmation de l’excellence française

François Fillon veut donner aux chercheurs « les moyens de mettre en œuvre des stratégies pour renouer avec l’excellence de la recherche ». Une telle ambition passe notamment selon lui par un développement des partenariats publics/privés. S’il n’a jamais manifesté son intention de revenir sur la législation actuelle, il avait voté contre l’autorisation de la recherche sur l’embryon en 2013.

Alain Juppé veut aider la France à « affirmer (…) sa vocation à devenir un grand pays des sciences du vivant, en s’appuyant sur une recherche publique mondialement reconnue, sur des infrastructures hospitalières de qualité, sur un tissu industriel de grandes entreprises et de PME compétitives ». Il s’est déclaré « préoccupé » des évolutions de la recherche sur l’embryon.

Santé publique et prévention : Alain Juppé moteur


François Fillon veut renforcer le rôle des médecins traitants et des pharmaciens dans le domaine de la prévention. Il mise également sur l’éducation à la santé, considéré comme un « enjeu majeur ». La lutte contre les comportements à risque est définie parmi les priorités. L’introduction de tarifs spécifiques pour les personnes handicapées sera étudiée.

Alain Juppé accroîtra de 10 % en cinq ans les moyens qui seront alloués à la prévention. La santé maternelle et des enfants, la lutte contre les addictions et les liens entre santé et environnement sont définis comme les « chantiers majeurs ». La politique de prévention devra être mieux intégrée au parcours de soins. Une consultation de prévention pour les assurés au-delà de 50 ans sera créée en lien avec le renforcement du rôle du médecin traitant en la matière.

Les deux candidats, qui à l’exception de l’importante question de la couverture santé, ne présentent pas de désaccords majeurs, si ce n’est de forme, pourraient, lors du débat télévisé de ce soir, aborder certains de ces sujets. Nul doute qu’ils seront également évoqués lors de la primaire de la gauche, à l’occasion de laquelle nous ne manquerons pas de procéder à une analyse du même type.

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