Forum » » L'avenir du métier de pharmacien adjoint » » Démographie pharmaceutique : Evaporation des diplômes ou évaporation de la raison ?
Posté : 15-09-2009 00:35 
Allez, on se lance ! On va parler numerus clausus, nombre de pharmaciens par chiffre d'affaire, âge de la retraite, évaporation des diplômes, succursales, regroupements.
10 000 pharmaciens au chômage dans 10 ans, ça vous fait quoi ? Et ce n'est que l'hypothèse modérée ! Voyez plutôt.
Les décideurs n'ont de cesse de se battre pour maintenir les effectifs de confrères. En réalité, il s'arrange même pour les faire grimper doucement en rappelant qu'il faut compenser les départs en retraite. En semblant oublier au passage quelques éléments basiques que je détaille ici.
- comme je l'expliquais dans un autre sujet, l'augmentation de 30% du CA /pharmacien alors que le CA moyen des officines ne progressait que de 17% au cours des 5 dernières années se traduit par un besoin de 5000 pharmaciens d'officine en moins. Des licenciements "économiques" sont déjà en cours...
- le passage à 42 années de cotisation de retraite va faire augmenter le nombre de pharmaciens de 3000 à 4000 en un clin d'oeil. L'autorisation de travailler jusqu'à 67 ans risque d'en pousser quelques autres encore à faire du rab.
- l'Ordre remarquait en 2002 qu'il fallait 1477 pharmaciens pour que les 6,5% d'officines qui n'en employaient pas suffisamment se mettent en règle. Or, les délais entre une démission et une réembauche ainsi que les confrères qui restent délibérément en infraction en passant des annonces auxquelles ils ne donnent pas suite doivent bien compter pour un tiers au moins de ces 1477-là. Disons donc, à la louche, qu'on a formé 500 pharmaciens de trop.
- Ajoutons-y les regroupements d'officines. La dernière tranche de CA pour laquelle on embauche un pharmacien n'est pas une tranche complète ( une pharmacie de 1,5M€ embauche 2 pharmaciens, le second l'étant pour 230k€). En moyenne, chaque officine a donc un pharmacien embauché pour une demie-tranche de CA. Si on en regroupe 6000, comme cela a été décidé, cela fait donc 3000 postes en moins une fois les 5 années de maintien des effectifs passées.
- Terminons-en par les difficultés de tant de titulaires qui ne peuvent plus se faire remplacer autant qu'ils le faisaient. Difficile à chiffrer comme ça...
On en arrive, pour ce qui est chiffrable, à un minimum de 11 000 pharmaciens de trop d'ici 10 ans si les décideurs maintiennent le cap. Aux dernières nouvelles, il envisagerait d'augmenter encore le numerus clausus. Car il y a l'évaporation des diplômes ! Vous savez, ces 25% de confrères inscrits à aucune section 3 ans après l'obtention de leur diplôme. Et tant pis si ça tombe justement dans les années où les jeunes femmes, ultra-majoritaires dans les jeunes générations, sont enceintes et accouchent. Se pourrait-il qu'elles reprennent du service 1,2, 3 ou 5 ans plus tard ? Pour l'Ordre, la réponse est claire : pas inscrites 3 ans après le diplôme = un pharmacien évaporé pour la vie.
Mais l'évaporation, ce sont aussi, il est vrai ces centaines de confrères qui choisissent une autre voie parce que leur profession ne leur a pas offert les perspectives d'évolution professionnelle auxquelles ils aspiraient (je parle aujourd'hui d'installation, demain sans doute tout simplement du fait de trouver un boulot). Et on ne compte plus les collègues qui, à défaut de s'être déjà évaporés, sont entrés en ébullition. Les décideurs, plutôt que de traiter le mal à la racine en offrant des perspectives à la jeunesse, semblent avoir choisi de compenser ces départs par des arrivées massives.
Ce qui est certain, en tous cas, c'est qu'avec des calculs comme ça qui nous conduisent tout droit vers au moins 10 000 chômeurs, les salaires qui vont avec une telle situation et toujours moins de perspectives d'installation (le projet de succursales du CNGPO), de l'évaporation, il y en aura ! Et beaucoup, même ! Des diplômes acquis après 6 à 7 ans d'études payées par l'Etat : magnifique gâchis !
La moindre des corrections, quand on fabrique tant de chômeurs, ne serait-elle pas de leur laisser au moins la liberté de les autoriser à tenter leur chance par eux-mêmes (en clair les laisser s'installer) ???
A vos réactions.
Damien.
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