website logo
Auteur
avatar
SB69

Forum » » L'avenir des salariés de l'officine » » On parle de nous....


Posté : 08-10-2007 15:27 icone du post

Citation : LE MONDE | 01.10.07 | 14h05
* Mis à jour le 01.10.07 | 14h05
La pression monte pour déréglementer les pharmacies
La France compterait trop de professions protégées. Notaires, huissiers de justice, commissaires-priseurs, géomètres experts, petits commerces, agriculteurs, avoués, greffiers, taxis... seraient autant de corporations bénéficiant de numerus clausus, d'emploi à vie... ou d'autres "privilèges" qu'il conviendrait de réformer dans le but de libérer des énergies nouvelles et profitables à la collectivité et de créer des emplois.
Une commission "pour la libération de la croissance" a même été confiée par le président de la République, Nicolas Sarkozy, à Jacques Attali pour étudier la résorption de ces blocages.
A cet égard, les pharmaciens d'officine sont le parfait exemple d'une corporation verrouillée. Au point qu'en mars, la Commission européenne a lancé une procédure d'infraction contre l'Etat français qui bloque l'entrée de non-pharmaciens au capital des officines, empêchant la constitution de chaînes à l'image de ce qui existe déjà dans de nombreux pays de l'Union européenne.
En Europe, en effet, ce mouvement est déjà bien engagé et des réseaux de distribution multiples voient le jour : pharmacies discount avec DocMorris en Allemagne, réseaux déjà constitués en Angleterre et en voie de l'être en Italie.
En France, plusieurs acteurs ont intérêt à la déréglementation d'un secteur qui compte 23 000 officines. L'Etat tout d'abord, qui inciterait les pharmacies à se regrouper pour mieux réduire la marge fixe qu'il leur octroie sur la vente de médicaments à vignette. "Plus de 80 % du chiffre d'affaires des officines est sous le contrôle des autorités de santé", explique Jean-Michel Peny, consultant et président de Smart Pharma Consulting. Un point de marge en moins, c'est autant d'économisé par la Sécurité sociale.

INDUSTRIALISATION DU MÉTIER

Les grossistes répartiteurs, peu connus du grand public, guettent eux aussi la possibilité d'ajouter les officines françaises aux circuits de distribution européens qu'ils ont commencé à bâtir.
Trois multinationales opérent déjà en Europe. L'allemand Celesio (21,6 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2006) compte 2 100 pharmacies sur le Vieux Continent. Un autre allemand, Phoenix Pharma (20 milliards d'euros ; 2 000 pharmacies), très internationalisé, cherche à prendre pied dans l'Hexagone. Le britannique Alliance Boots (20 milliards d'euros de chiffre d'affaires) compte pour sa part déjà 3 100 pharmacies en Europe. Quant à la grande distribution, Auchan et Leclerc ne dédaigneraient pas d'orner leurs centres commerciaux d'une officine.
De leur côté, les pharmaciens n'entendent pas subir sans réagir. Elodie Bervily-Itasse, consultante et auteur d'une étude Eurostaf sur la libéralisation des pharmacies d'officine, explique que " les pharmaciens eux-mêmes ont commencé à se regrouper pour réduire les coûts et anticiper la fin du monopole". Les deux tiers sont aujourd'hui adhérents d'un réseau.
Plus Pharmacie, fondé par Joseph-Philippe Benwaïche, a été créé à la fin des années 1980 dans le but de riposter à la fin du monopole sur la parapharmacie et à la baisse des marges - déjà - sur les médicaments à vignette. Cette centrale d'achat s'est constituée sur le modèle des centres Leclerc. Elle alimente plus de 600 officines adhérentes en produits et services. Elle a aussi créé sa propre marque de parapharmacie et de compléments alimentaires. La famille Merckle, actionnaire de Phoenix Parma, y a pris une participation de 30 %.
L'enjeu de ces mutations est multiple. Anne-Christine Marie, associée de PriceWaterhouseCoopers (PWC), estime ainsi que les grossistes répartiteurs sont les premiers intéressés à filialiser les pharmacies, dans la mesure où ils "concentrent toutes les obligations de service public (ils stockent 90 % de tous les médicaments et deux semaines de livraison), mais ont la marge la plus faible derrière les laboratoires et les pharmaciens".
Selon les calculs effectués par Jean-Michel Peny, le pharmacien réalise la moitié de sa marge avec les médicaments génériques alors que ceux-ci ne représentent que 14 % de son chiffre d'affaires.
Prendre le contrôle des officines permettrait au grossiste de reconquérir la marge dont le lien direct entre le fabricant de génériques et le pharmacien l'a privé.Les grossistes pourraient aussi accentuer la pression sur les laboratoires pharmaceutiques et diffuser leurs propres marques tant en génériques qu'en produits d'automédication.

Pour résister à cette industrialisation de leur métier, certains pharmaciens rêvent de "remonter la chaîne" pour promouvoir la "consultation pharmaceutique" qui autoriserait le gérant d'officine à prescrire des médicaments pour des pathologies courantes. Des discussions sont en cours, malgré la colère du conseil de l'ordre des médecins.
Deux choses semblent assurées :
le métier de pharmacien évoluera aussi sûrement que le nombre de pharmacies diminuera.
Ne survivront que les officines dont la surface et le positionnement en centre-ville permettront de résister à la concurrence et à l'érosion des marges.
Yves Mamou
www.pharmaticien.com
Et sur Twitter : @Pharmaticien

Cet article provient de Pharmechange
https://www.pharmechange.com/viewtopic.php?topic=3088&forum=11