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Whoops
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Forum » » Les inclassables » » Tamiflu
Posté : 10-01-2010 11:59 
Que les gouvernants ne soient plus capables de se mettre au-dessus de la mélée pour prendre un peu de recul est une chose. Que tout ceci aura coûté cher en est une autre. Mais c'est fait, même si les conséquences sont déplorables le problème n'est plus là, il s'agit maintenant de tirer les enseignements de toute cette affaire.
Ce que l'on a vu et qui est révélateur de ce qui se passe désormais est la façon dont les choses ont été présentées.
D'un côté, les journalistes, prompts aujourd'hui à se repaître de la polémique sur l'Etat dispendieux ont monté en épingle et amplifié un phénomène afin de faire vendre. Ca, ce n'est pas nouveau, à chacun d'en être bien conscient et de faire marcher son esprit critique.
De l'autre, c'est qu'il n'y a pas eu de volonté de calmer le jeu de la part des responsables politiques.
Alors on pourrait dire : oui mais au moment de l'apparition de ce virus, on ne pouvait pas savoir.
Effectivement, lors de l'apparition d'une épidémie on ne peut guère prévoir quelle en sera l'évolution. Mais le point noir n'est pas là. Le point noir, c'est qu'au moment où l'on a commencé à recueillir un certain nombre d'informations, au moment où, si l'on jugeait de l'état des connaissances dans leur globalité, on commençait à avoir matière à tempérer les inquiétudes, on ne l'a pas fait. Qu'on ne vienne pas dire qu'on ne savait rien. La revue indépendante Prescrire, des voix dissonantes (Debré, et quelques autres) faisaient part de la nécessité de relativiser les choses et de ne pas se lancer dans des campagnes de préventions disproportionnées.
Au lieu de reconnaître simplement ce doute, afin peut-être de ne pas affronter la vindicte populaire, dont les médias se repaîtraient de nouveau (oui, les médias sont versatiles, c'est une attitude profitable) ou plutôt pourrait-on dire, de retarder le moment où cette vindicte naîtrait, on s'est enfoncé. Et pour servir ses simples intérêts personnels, dans l'espoir d'esquiver les reproches, on s'est servi de cet outil désormais devenu si courant : la peur. Pour contrer les arguments tempérés, on a envoyé l'artillerie lourde... les grands pontes. Les grands pontes, dans le domaine de la Santé, c'est quelque chose qui pèse... dans bien des cas, pas seulement celui-ci. Certains les appelleront les leaders d'opinion.
Eux, ils ont dit que si, ça serait terrible. On a sorti des chiffres tirés des hypothèses les plus sombres. On ne s'est intéressé qu'aux résultats d'études les plus alarmistes parues dans le monde alors qu'un rapide tour d'horizon aurait permis de se rendre compte qu'il existait à ce niveau des disparités énormes, symptomatiques de marges d'erreur importantes. Au plus fort de la tempête, on a repris chaque rare cas de pauvres enfants décédés pour entraîner la crainte, naturelle, des parents. Pour les faire culpabiliser s'ils ne suivaient pas le mouvement.
Les derniers des mohicans évoquent encore aujourd'hui les risques d'un second pic, s'entêtent à vouloir écouler les stocks de médicaments en voulant obliger les médecins à prescrire le Tamiflu (péremption mai 2010, efficacité non démontrée dans certaines indications, tout au plus modestes dans les autres, effets indésirables potentiels graves) à la moindre présomption de cas suspect, à vacciner sans distinction alors que l'épidémie recule déjà.
La peur est un moyen facile d'orienter le peuple, d'obtenir ce que l'on souhaite des gens. On en use aujourd'hui beaucoup trop aisément et elle n'est pas instrumentalisée que dans le domaine de la santé. Ca c'est vraiment le fait déplorable.
Personnellement, c'est cela et seulement cela que je retiendrai de toute cette affaire s'il n'y avait qu'une leçon à en tirer. Parce qu'il serait étonnant qu'un pareil cas de figure ne soit pas amené à se reproduire dans le futur.
Message édité par : Whoops / 10-01-2010 12:15
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