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Débat « Radiographie du métier de préparateur »

dimanche 04 avril 2010 @ 10:10:37

Sujet : Evénement

Dans le cadre du salon Pharmagora l’équipe de Porphyre organisait cette année un débat afin de faire le point sur le métier de préparateur en pharmacie, ce qu’en pensent les préparateurs et les pharmaciens. L’occasion aussi de faire le point sur les travaux de la CPNE et l’évolution du diplôme.

Etaient présents à la table des débats , M. Claude JAPHET président de l’UNPF, Michel GAVRILOVIC inspecteur général de l’éducation nationale, Madame Stéphanie STAGER, titulaire et enseignante en CFA, Véronique JUHEL adjointe et enseignante en CFA, Guillaume KERJEAN préparateur en milieu hospitalier issu de l’officine et moi-même Francis LIAIGRE préparateur en pharmacie de ville, le débat étant orchestré par la toujours pétillante Christine JULIEN pharmacien et nouvelle rédactrice en chef du magazine Porphyre. 



La première partie du débat était consacrée à la définition du métier de préparateur aujourd’hui puisque c’est toujours par là que toutes réflexions sur la formation et le diplôme commencent.

La parole m’étant donnée pour ouvrir le débat, j’ai proposé de resituer d’abord ce qu’était une officine moyenne aujourd’hui dans notre pays. « Pour un CA de 1 à 2 M€, l’équipe officinale est composée d’un à deux pharmaciens titulaires, de zéro à un adjoint et de trois à six préparateurs… » « L’officine est une entreprise comme les autres avec tous les services d’une entreprise et un service particulier : la dispensation… » « On ne peut pas imaginer que la dispensation soit réservée au seul pharmacien… ». « L’essentiel de notre temps est passé au comptoir auprès de malades ou de leurs familles, sans que cette donnée ne soit prise en compte par notre formation… » .

Il n’y a pas réellement de discussion sur ce que nous sommes amenés à faire dans une officine, M. JAPHET indique « Le métier de préparateur a évolué d’un métier pratique où le savoir faire avait toute son importance vers un métier plus intellectuel, il est le prolongement du pharmacien qui lui a la responsabilité et la connaissance globale, ce sont des professionnels de santé à part entière et des professionnels du médicament. Leur place pourrait être redéfinie dans le suivi et l’accompagnement des maladies chroniques… ».

debat1.jpg

 

Pour ma part je fais remarquer « que notre difficulté tient à notre transparence derrière le pharmacien, nous aimerions avoir plus d’autonomie … on pourrait imaginer des tâches du strict domaine du pharmacien ou réalisée sous son contrôle et sa responsabilité et d’autres pour lesquelles nous aurions une réelle autonomie et donc une réelle responsabilité» .

S’en suit une discussion sur le contrôle effectif où M. JAPHET nous indique que le ministère de la santé est attaché à la présence de ce terme dans le code de la santé publique et en fait une interprétation qui me semble un peu tirée par les cheveux à savoir : le simple fait que le pharmacien soit présent est une forme de contrôle… effectif = réel…

Pour ma part, « je considère que quand on a le droit de tout faire dans une officine sous contrôle effectif, cela signifie qu’on a le droit de rien faire sans et que c’est un réel problème lorsqu’il s’agit de définir les compétences à acquérir pour faire ce métier » .

Véronique JUHEL remarque : «Dans toute entreprise où il existe une hiérarchie, il y a délégation de tâche, ce n'est pas forcément défini, mais c'est effectif et sous la responsabilité d'un encadrant» . Pour ma part : « il existe un lien de subordination entre l'employé et son employeur, c'est admis...ne pas définir avec précision un rôle n'aide pas à définir ensuite un référentiel de formation...»

M. JAPHET estime que les préparateurs doivent se consacrer à leur tâche principale : la délivrance, un personnel non spécialisé se chargeant des autres ; personnellement j’attire l’attention sur le fait que les entreprises étant en général de petite taille, ce serait plutôt la polyvalence qui devrait être recherchée.

 

debat2.jpg Alors c’est quoi la différence entre un pharmacien et un préparateur ?

Selon M. JAPHET « un préparateur délivre, un pharmacien dispense », pour ma part je considère le pharmacien comme un professionnel de santé et le préparateur comme un auxiliaire pharmaceutique pour faire le parallèle avec l’infirmier qui est un auxiliaire médical.

Et j’ajoute : « Le pharmacien est un exécutant dans le domaine de la santé, il doit s'approprier son rôle de spécialiste du médicament et pouvoir dialoguer d'égal à égal avec le médecin traitant. C'est à la mise en place d'un traitement que son rôle devrait être déterminant, choix des molécules, ajustement des posologies, etc. La délivrance de traitements installés, de renouvellements, de pathologies saisonnières peut être confiée sans risque au préparateur. L'important est la présence d'un pharmacien à l'officine afin que le préparateur puisse lui demander de trancher une question au-delà de son domaine de compétence. »

Je tente de parler des nouvelles missions de l’officine proposées par le rapport RIOLI, ce sujet ne semble pas intéresser grand monde... et pourtant c’est une vrai chance de recentrer le pharmacien sur sa mission première...

 

Sur l’invitation de Christine JULIEN M. GAVRILOVIC prend la parole pour nous expliquer comment on définit un référentiel de formation et enfin un diplôme.

« Une commission représentative dresse la liste des tâches et missions qui sont réalisées par le professionnel dans l’exercice de son métier, c’est qu’on appelle le RAP pour référentiel d’activité professionnelle, c’est le travail dont s’est chargé la CPNE, ce travail est terminé » « les activités professionnelles sont à peu près les mêmes, c’est plutôt l’équilibre entre-elles qui a beaucoup bougé »

Le RAP terminé, le travail à venir va être de définir les compétences à acquérir et « leur transposition en matières scolaires », c’est qu’on appelle le référentiel de formation.

M. GAVRILOVIC nous explique alors qu’au vu du RAP, les compétences à acquérir dépassent le niveau du BTS qui représente « la limite de compétence du ministère de l’Education Nationale, le niveau licence dépendant du ministère de l’Enseignement Supérieur». « Le souhait de la branche se porte plutôt vers un diplôme d’Etat de Santé dépendant du Ministère de la Santé qui est déjà son Ministère de tutelle ».

Ce diplôme d’Etat serait, selon les souhaits de la branche, composé d’un tronc commun de 2 ans, la troisième année étant une année de spécialisation qui permettrait une passerelle entre les deux métiers. Passerelle qui, soit dit en passant existe déjà, puisqu’il est nécessaire d’obtenir le BP pour accéder à l’année de formation du titre de préparateur en pharmacie hospitalière. Je crois savoir que les préparateurs hospitaliers ont d’autres ambitions...

Puis vient l’heure d’aborder le sujet qui fâche : Faut-il conserver le principe de l’alternance ?

Immédiatement M. BLANC de la FSPF et M.BURLET de l’USPO prennent la parole pour indiquer que la CPNE est « très attachée au principe de l’alternance », M JAPHET pour sa part est beaucoup plus sur la réserve en parlant plutôt de stages et en faisant remarquer « qu’il préfèrerait recevoir un étudiant préparateur après une période de 6 mois de formation afin qu’il est eu le temps d’apprendre les bases ».

J’interviens pour ma part en disant « qu’étant moi-même un produit de l’alternance, ce n’était pas l’alternance que je ne trouvais pas satisfaisante, mais plutôt les conditions de l’alternance, j'y vois même un intérêt indirect, c'est une forme de numerus clausus,puisque c'est un moyen de ne pas former plus de professionnel que la branche ne peut en accueillir». « Le maitre d'apprentissage, n'est absolument pas contrôlé quant à la quantité et la qualité de l'enseignement qu'il apporte. Un apprenti est formé actuellement en deux ans, il reçoit 800H de formation en CFA et passe donc pendant son cursus environ 2500H en entreprise. Il n'y a actuellement aucune définition du contenu de ces 2500H». « On pourrait imaginer que notre formation puisse se faire sous forme de modules, alternant les périodes de formation théorique et de stages. Ce système n’est pas forcément opposé au système de l’alternance et présenterait l’avantage de pouvoir donner une formation équitable à chacun des apprentis. Un période = un contenu = une validation. »

S’ensuit une discussion éthérée sur le cout d’un apprenti qui est un autre sujet.

La limite de temps d’attribution de la salle étant largement dépassée, nous sommes chassés par les adjoints... qui avait eux une conférence sur le thème : « Loi Hôpital, Patients, Santé, Territoires (HPST) : de vraies perspectives d'avenir pour les adjoints »

Pour ma part j’avais prévu aborder d’autres sujets, poser des questions précises aux invités et surtout conclure en invitant les préparateurs à s’approprier leur métier, à imaginer leur métier en dehors du champ de l’officine, à le promouvoir et à nous rejoindre au sein de notre association.




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