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damien-en-mer

Forum » » L'avenir du métier de pharmacien adjoint » » AVENIR DES JEUNES PHARMACIENS : LE DEBAT !


Posté : 30-07-2008 15:48 icone du post

Bon. J'ouvre le débat sur un point qui me tient à coeur : La loi de répartition géographique, celle qui limite le nombre de pharmacies en fonction du nombre d'habitants.

On entend surtout dire à son sujet qu'elle protège les pharmaciens. Dans une cerrtaine mesure, c'est vrai. Elle permet aux pharmaciens qui se sont lourdement endetteés pour acheter une officine de ne pas voir leur CA baisser de façon drastique du jour au lendemain. Il paraîtrait donc qu'une telle ouverture conduirait inéluctablement les officines à la faillite.

SAUF QUE...
Ce raisonnement ne tient pas la route et je vous le démontre !
En effet, si cette loi disparaissait, les titulaires auraient plus intérêt à proposer l'association à un prix correct à leurs adjoints plutôt que de prendre le risque de les voir ouvrir des officines à côté de chez eux.
De plus, dans le pire des cas (totalement illusoire comme je viens de le dire), si on arrivait à une officine par pharmacien, on ne ferait que doubler le nombre d'officines. Le CA moyen passerait donc de 1,2M€ à 600k€. Une officine est à vendre dans mon département ces temps-ci Elle réalise justement 600k€ de CA. Son bénéfice est de 94k€. Je laisse les adjoints à leurs calculs pour comparer cela à leurs revenus. Malheureusement, je ne peux aujourd'hui me l'offrir. Pourquoi ? en raison de son prix, biensûr !

DEMONSTRATION :

Si on pousse un peu le raisonnement : pourquoi les pharmaciens se sont-ils si lourdement endettés pour acheter leur licence ? Tout simplement parce qu'ils n'avaient pas la possibilité de créer à côté.

Je pose le problème différemment. Supposons que la loi de répartition géographique disparaisse. Un pharmacien adjoint souhaite s'épanouir dans son travail en bossant pour son compte et non pour celui d'un confrère, aussi sympathique soit-il. En clair, il souhaite s'installer.

a. Il se sent bien dans la région où il vit et dans l'officine où il travaille. Le courant passe bien avec le patron. Il lui demande de s'associer. Le patron refuse (il ne souhaite pas partager le bénéfice) ou demande un prix exhorbitant. L'adjoint lui fait alors remarquer qu'il va s'installer un peu plus loin (je ne connais guère de clauses de non-concurrence assorties d'une compensation financière - les clauses de non-concurrence sont donc la plupart du temps irrecevables). Que fait le patron ? Il s'associe avec cet adjoint avec qui il s'entendait si bien. Ca peut sembler farfelu aux pharmaciens que nous sommes, mais c'est pourtant ce que font les infirmières, les kinés, les médecins et j'en passe...

b. Il a trouvé le coin stratégique, ou tout simplement agréable et tranquille pour s'installer. Il aura le choix entre racheter un fonds ou créer à côté. A choisir, le rachat semble plus sûr. Donc, si le prix est en rapport avec les revenus de l'officine, nul doute qu'il préférera racheter ou s'associer. Mais supposons maintenant que le pharmacien en place refuse l'association ou lui propose un prix délirant (c'est-à-dire de l'ordre de ceux qui se pratiquent aujourd'hui). Disons qu'il ne lui propose, au mieux, qu'un poste d'adjoint. Que fera-t-il ? Il ira créer à côté, comme l'a fait une coiffeuse du côté de chez moi, et il aura bien raison ! Mais tout le monde y aura perdu : l'adjoint, qui aura tout à construire, et le confrère qui n'aura pas voulu de lui et se trouvera affublé d'un concurrent qui lui grignotera ses revenus et la valeur de son fonds. Et pour le prix, il ne pourra même pas se reposer sur un jeune associé pour partir un peu plus souvent au soleil !
Au final, il y a donc fort à parier que comme dans le cas a., le titulaire en place s'associera.

CQFD


Alors, la loi de répartition géographique ? Protection ou poison pour les adjoints ?

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