Quand pourrai-je m’installer à mon compte ? 6992


Voila la question que se pose tout  jeune diplômé, ayant un peu d’ambition, à sa sortie de fac. Celle-ci méritait un débat …que CD PHARM a lancé sur le site de PHARMECHANGE  début septembre 2015 en posant la question  « quel est vraiment le bon âge pour s’installer ».

A la lecture des commentaires postés par les titulaires de tous âges, on peut  dire que la réponse est : « quand on se sent prêt psychologiquement !» et que certains confrères ont aussi traduit par « quand on en a envie !»


En effet, ce n’est plus vraiment, comme il y a encore quelques années, un manque d’apport initial qui nous empêche de nous lancer dans l’entrepreneuriat pharmaceutique. Il existe aujourd’hui  différents montages juridiques et  financiers qui permettent à un jeune diplômé, même avec très peu  d’apport,  de devenir son propre patron.

Rester adjoint est maintenant un choix de vie et non plus une fatalité !!!

Selon le tempérament de chacun, et les témoignages recueillis le prouvent, on peut en réalité s’installer et réussir tout de suite après sa soutenance de thèse si on en a envie.

La majorité des confrères préfèrent mûrir un peu et acquérir plus d’expérience sous la protection de leurs confrères employeurs. Le déclic a lieu quand la routine et les limites du travail d’adjoint  deviennent pénibles dans l’exercice quotidien ou bien quand une opportunité se présente.

Lors de ce débat,  ont aussi été évoquées  les deux mauvaises raisons qui peuvent pousser un adjoint à s’installer et qui peuvent le conduire au final à un échec cuisant :

  • la première raison est de s’installer précipitamment pour fuir son titulaire. Sans réflexion sur le type d’exercice que l’on souhaite et donc sur le type de pharmacie qui   correspondra le mieux à celui-ci, on démarre très mal...
  • la deuxième raison est d’acheter une pharmacie que sur le seul critère d’une proximité  avec son habitation principale.

Une officine est exclusivement un outil de travail qui doit permettre de s’épanouir professionnellement, d’améliorer ses revenus et de se constituer un patrimoine. De nombreuses pharmacies en difficultés financières ou invendables actuellement avaient autrefois été achetées par des pharmaciens  sur ce seul critère de « vie de famille facilitée ». Notre vie évolue, les enfants grandissent et nous quittent, nos besoins changent  mais la pharmacie acquise, sans potentiel ou en déclin, reste et gâche au mieux notre exercice jusqu’à la retraite en nous empêchant d’évoluer et au pire notre vie personnelle et professionnelle en se terminant par une faillite. De plus, notre exercice personnel est-il forcément en adéquation avec le besoin du quartier où l’on vit ? Rien de certain… sans même parler de la perte de notre anonymat dans la vie de tous les jours dans le quartier…

Mais revenons  à notre question initiale : Quand pourrai-je m’installer à mon compte ? Avec en corollaire sa réponse « quand on se sent prêt psychologiquement !».

Posons-nous alors une nouvelle question qui découle de cette première réponse: « qu’est ce qui me rend prêt psychologiquement ? ». C’est là qu’intervient, à mon humble avis,  un facteur clé totalement sous-estimé par de nombreux étudiants ou  jeunes diplômés : le choix de ses maîtres de stage ou de son premier employeur. Combien d’étudiants le choisissent sur un simple critère de proximité avec leur domicile ou la faculté et non sur le critère d’une recherche du dynamisme d’une équipe officinale animée  par un titulaire tout à la fois compétent et attentif  à transmettre son savoir à ses futurs confrères.

Ce n’est pas au contact du client que nous apprenons vraiment le métier de titulaire. Délivrer des ordonnances ou prodiguer des conseils, cela nous l’apprenons lors de nos études à la faculté. Par contre, devenir chef d’entreprise, savoir comprendre un bilan, expliquer un business plan, négocier avec une banque ou un fournisseur, gérer une équipe, connaitre le droit social, tenir une caisse etc., ne s’apprend pas au comptoir ni en fac. On peut suivre de coûteux  cours supplémentaires, se former le soir en achetant des livres spécialisés en comptabilité ou en management mais rien de tel  que l’expérience « du vécu » prodiguée par un titulaire expérimenté pour connaitre rapidement toutes les « ficelles » du métier et se sentir prêt à s’installer dans sa propre pharmacie.

Cette recherche du « bon » maître de stage  peut réellement faire gagner en quelques mois des années d’expérience et donner ainsi envie de s’installer quand on le souhaite.

Philippe Rouyer Pharmacien Associé chez CD PHARM


ManagerManager Publié le : Vendredi 18 septembre 2015 @ 12:43:34